Jettou à Paris

De l’Élysée à Matignon et au siège du patronat français, le Premier ministre n’a pas perdu son temps !

Publié le 19 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Driss Jettou, le Premier ministre marocain, s’en souviendra longtemps. Il s’était rendu à Paris, les 11 et 12 décembre, pour coprésider avec Dominique de Villepin, son homologue français, le huitième séminaire intergouvernemental franco-marocain. Et il s’est retrouvé au siège du Medef à passer un véritable grand oral face à deux cents patrons. Loin du langage feutré d’usage en ces circonstances, la présidente Laurence Parisot a attaqué bille en tête : « Nous devons créer des liens de business, faire des affaires ensemble et créer de la richesse. » Les patrons français ont ensuite assailli leur invité de questions. Leur grande préoccupation, c’est évidemment ce qu’on nomme « l’environnement de l’investissement » : justice, administration publique, système bancaire, montée de l’islamisme
Calmement, Jettou a répondu point par point. À la question de savoir si une victoire des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) aux législatives de juin 2007 était de nature à remettre en cause « les avancées du Maroc », il s’est montré catégorique : « En raison du mode de scrutin à la proportionnelle, aucun parti n’obtiendra la majorité absolue au Parlement. Par conséquent, aucun ne pourra gouverner seul. » Les dirigeants du PJD, a-t-il expliqué, sont modérés et pragmatiques. Le risque d’une dérive intégriste est inexistant.
Quatre cent quatre-vingt-cinq entreprises françaises sont actuellement implantées au Maroc. La France est le premier fournisseur, le premier client et le premier donateur du royaume. Convaincu qu’un « potentiel reste à explorer », Jettou souhaite néanmoins aller plus loin. Il a proposé aux patrons français que le Maroc serve de plate-forme à ceux d’entre eux qui souhaitent se lancer à l’assaut du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. « Le Medef a sans doute été le temps fort de son séjour parisien », commente un spécialiste.
La veille, le Premier ministre avait pourtant été reçu chaleureusement par Jacques Chirac à l’Élysée. Et par Villepin à Matignon. Le rendez-vous annuel des deux chefs de gouvernement a débouché sur la conclusion d’une vingtaine d’accords bilatéraux dans les domaines de la formation, de l’urbanisme, de la santé, des transports et du tourisme. Entre autres. Paris va porter le montant de son aide au développement de 300 millions à 460 millions d’euros pour la période 2007-2009 et a promis de contribuer au financement de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), le plan de lutte contre la pauvreté lancé l’an dernier par Mohammed VI. L’Agence française de développement (AFD) a pour sa part consenti un prêt de 10 millions d’euros à l’association Zakoura, spécialisée dans le développement rural et le microcrédit
Jettou, qui était accompagné d’une « délégation de choc », selon les termes d’un fonctionnaire de Matignon, comprenant Fathallah Oualalou, son ministre des Finances et des privatisations, Karim Ghellab (Équipement et Transports), Adel Douiri (Tourisme) et Taïeb Fassi-Fahri (délégué aux Affaires étrangères), a lui aussi fait quelques promesses. À propos du renouvellement d’une partie de la flotte d’Atlas-Bus, une filiale de la Royal Air Maroc, il attend d’Airbus « une bonne offre », mais juge que « les choses se présentent très bien pour elle ».
Bien entendu, il a aussi été question de politique. Villepin, comme Chirac avant lui, a implicitement apporté son soutien à la proposition marocaine d’accorder une large autonomie au Sahara occidental. Et va s’efforcer d’obtenir de l’Union européenne qu’elle accorde au Maroc un « statut avancé », selon le jargon en vigueur.

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