Desmond Tutu indésirable ?

Publié le 19 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Invité dans le monde entier pour prêcher la cause de la paix, Mgr Desmond Tutu, l’ancien archevêque de l’Église anglicane d’Afrique du Sud (et Prix Nobel de la paix 1984), n’a pas réussi à se rendre en Israël. Fin novembre, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU lui avait confié la direction d’une commission chargée d’enquêter sur le massacre de Beit Hanoun, dans la bande de Gaza, au cours duquel dix-neuf civils palestiniens avaient perdu la vie une quinzaine de jours auparavant. Las, ni lui ni les membres de sa mission n’avaient encore obtenu du consulat israélien à Genève leurs visas diplomatiques. D’où sa colère : « Ne pas prendre de décision, c’est une manière d’en prendre une », a-t-il lancé, le 10 décembre, à l’adresse des diplomates. Pris par le temps (il était censé remettre son rapport le 15 décembre), il a finalement annulé sa visite.
Sans remettre en cause le droit d’Israël à sécuriser ses frontières, Mgr Tutu s’est depuis longtemps rangé sans ambiguïté du côté des Palestiniens. En 2002, rentrant d’une visite dans les Territoires occupés, il écrivait dans le quotidien britannique The Guardian : « J’ai été attristé par ma visite en Terre promise. La situation que vivent les Palestiniens me rappelle ce que nous, les Noirs, avons enduré pendant l’apartheid. Israël n’obtiendra jamais une sécurité durable en opprimant un autre peuple. »
En pleine « affaire Carter » (voir p. 24), l’aile dure des dirigeants israéliens n’a pu s’empêcher de rappeler ses prises de position passées. Mais Mark Regev, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a expliqué que c’était le mandat de la mission onusienne qui était en cause, davantage que la personnalité de ses membres. L’État hébreu reproche au Conseil des droits de l’homme de « s’acharner » sur son cas. De fait, depuis la création de celui-ci, au mois de juin (date à laquelle il s’est substitué à la très controversée commission du même nom), huit résolutions ont été adoptées pour condamner les opérations israéliennes à Gaza et au Liban, alors qu’aucun autre pays n’a été rappelé à l’ordre. Kofi Annan a pourtant plusieurs fois demandé à ses quarante-sept membres de s’intéresser à la crise du Darfour

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