Tunisie : les conseillers clés d’Elyes Fakhfakh pour sortir de la crise du coronavirus
Depuis la mise en place du confinement, le 22 mars, le chef du gouvernement s’appuie sur une task force anti-coronavirus composée de plusieurs ministres, épidémiologistes et autres experts de la santé publique.
« Maîtriser la courbe, la maintenir la plus basse possible, échapper au pic de contamination et surtout ne pas être débordés par les admissions massives en réanimation » : tels étaient les objectifs fixés par le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, lors la mise en place du confinement, le 22 mars. Cinq semaines plus tard, le but semble être atteint. Et la Tunisie se prépare à un déconfinement graduel à compter du 4 mai.
Tout au long de ces cinq semaines, et à chaque fois qu’il a du prendre une décision, le patron de la Kasbah s’est appuyé sur une task force, ou plus exactement « une commission nationale de lutte contre le Covid-19 », présidée par le chef du gouvernement et composée des ministres de la Défense, de l’Intérieur, des Finances, des Affaires sociales, du Transport et des Technologies.
Proximités partisanes mises à l’écart
« Outre ces ministres, la commission compte aussi des cadres de haut niveau pour superviser la mise en place du confinement sanitaire obligatoire », expliquait Fethi Touzri, directeur de cabinet d’Elyes Fakhfakh, le 26 mars. Membre du premier cercle du chef de l’exécutif, ce psychiatre converti à la politique a participé à la coordination entre la commission et le ministère de la Santé.
Les proches du chef du gouvernement assurent que ce dernier a préféré mettre à distance les proximités partisanes en cette période de crise. Aussi, il n’aurait consulté ni Mustapha Ben Jaafar, ancien ministre de la Santé, médecin et fondateur d’Ettakatol, parti dont est issu Fakhfakh, ni Khalil Zaouia, actuel président d’Ettakatol, également médecin. La Kasbah insiste sur ce point : la primature s’est avant tout appuyée sur les épidémiologistes et autres experts de la santé publique.
Parmi ces voix, beaucoup de scientifiques peu connus du grand public : Hechmi Louzir, directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, le professeur Sami Majoul, cardiologue et chef du service de cardiologie de l’hôpital de La Rabta, l’épidémiologiste Nissaf Ben Alaya, directrice générale de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (ONMNE), le généticien et immunologue Hédi Bouguila, la virologue Rym Abdelmalek et Hanene Tiouiri Ben Aïssa, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital La Rabta.
Aucune décision n’a été prise sans consultation préalable des groupes de professionnels de la santé
À ces compétences du secteur public, se joignent deux figures de proue de l’hôpital militaire : le professeur Iheb Labbene, anesthésiste-réanimateur, ainsi que le directeur général de la santé militaire, le médecin général de brigade Mustapha Ferjani.
« Ce comité scientifique a adopté une démarche collégiale, se félicite le docteur Souhail Alouini, ancien président de la commission de la santé au Parlement, et membre du parti Tahya Tounes. Aucune décision n’a été prise sans consultation préalable des groupes de professionnels de la santé, qui se sont spontanément constitués. Les échanges et les observations en amont nourrissent la décision finale. »
Réponse économique
Ceux qui conseillent le chef du gouvernement ont aussi l’oreille du ministre de la Santé, Abdellatif Mekki. Son équipe opérationnelle coopère avec le petit noyau de scientifiques qui compose la task force tunisienne. Dès le début de la crise, par exemple, le point quotidien sur l’évolution de l’épidémie a été confié à Nissaf Ben Alaya, très active aux côtés du ministre.
En parallèle, la réponse de terrain a été confiée à Tahar Gargah, directeur général du Centre national de promotion de la transplantation d’organes, et Mohamed Meftah, directeur général de la gouvernance au ministère de la Santé. Le duo est complété par Mohamed Chaouch, promu directeur général des soins de santé de base, le 18 avril. Une nomination controversée : l’homme affiche sur les réseaux sociaux des positions controversées sur l’État civil et l’islam politique.
Outre l’urgence sanitaire, Elyes Fakhfakh a fort à faire pour rassurer sur le volet économique, surtout après les cafouillages des premières semaines. Pour ce faire, le patron de la Kasbah s’appuie grandement sur son conseiller en finances, Moez Labbidi. À la charge d’Adnane Ben Youssef, son chargé de communication, de faire œuvre de pédagogie auprès des médias pour expliquer la cohérence de la réponse gouvernementale.
Elyes Fakhfakh joue gros sur cette crise : le jeune chef de l’exécutif âgé de 48 ans sait qu’il dispose d’un capital politique encore friable, lui qui s’était à peine installé à la primature lorsque l’épidémie a atteint les côtés tunisiennes. En coulisses, l’homme prête aussi l’oreille à Hédi Damak, ancien secrétaire général du ministère des Finances, qui l’a épaulé lors de la composition de l’équipe gouvernementale. Et qui continue à lui dispenser quelques conseils, d’ordre politique.
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