Au pays des records…

Alors que l’ex-grenier de l’Afrique australe s’enfonce dans la faillite, Mugabe sollicite la prolongation de son mandat à la tête de l’État.

Publié le 20 décembre 2006 Lecture : 1 minute.

Quel ministre des Finances pourrait être plus heureux que Herbert Murerwa ? Le grand argentier zimbabwéen a annoncé, le 30 novembre, une augmentation de 5 313 % du budget de l’État pour l’année 2007 (24 000 milliards de dollars zimbabwéens, contre 450 milliards en 2006). Ailleurs, ses homologues se battent pour une hausse de 5 % ou 10 %.
C’est l’inflation galopante qui explique ce record : + 1 200 % en un an. Le dollar zimbabwéen s’est écroulé (1 dollar américain vaut aujourd’hui 100 000 ZS). Il faut débourser 100 000 ZS pour un pain et plus de 1 million pour un poulet
À 82 ans, au pouvoir depuis 1980, Mugabe continue de louvoyer. Devant l’envoyé spécial de Kofi Annan, James Morris, qu’il recevait à Harare le 11 décembre, il a fini par admettre la nécessité de faire appel au Programme alimentaire mondial (PAM). Selon ce dernier, un tiers des enfants du pays souffrent de malnutrition. Deux millions de personnes (15 % de la population totale) risquent de mourir de faim dans les mois à venir. Selon un rapport du ministère des Affaires sociales, le nombre de Zimbabwéens n’ayant pas accès à l’eau potable a augmenté de 25 % entre 1995 et 2003, et celui des habitants qui n’ont pas les moyens de se soigner a grimpé de 48 %.
Depuis l’expropriation manu militari des fermiers blancs, Robert Mugabe s’est mis à dos presque toute la communauté internationale. Ses seuls soutiens extérieurs Afrique du Sud, Libye, Chine – ne peuvent que calfeutrer les brèches. L’industrie tourne à 25 % de sa capacité (faute d’énergie et de pièces de rechange) et l’agriculture vivote (seule la culture du tabac est en mesure de rapporter 200 millions de dollars américains par an). L’appel tardif au retour des fermiers blancs avec une indemnisation partielle ne sera probablement pas entendu. Car Robert Mugabe fait encore peur : il pourrait rester aux commandes quatre ans encore, après l’approbation, à la mi-décembre, par le congrès de son parti, la Zanu-PF, d’une prolongation de son mandat de deux ans (de 2008 à 2010).

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