Weisglass vend la mèche

Publié le 18 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Nous savons maintenant avec certitude que le plan d’Ariel Sharon de « se désengager » de la bande de Gaza n’est qu’une manoeuvre pour bloquer indéfiniment le processus de paix au Proche-Orient, garder à peu près toutes les colonies israéliennes de la Cisjordanie occupée, refuser un État aux Palestiniens et laisser indéfiniment en suspens l’avenir de 4 millions de réfugiés palestiniens, le statut du secteur arabe occupé de Jérusalem-Est et le tracé des frontières définitives d’Israël.
Ce n’est pas vraiment une surprise, mais nous pouvons désormais nous appuyer sur l’autorité de Dov Weisglass, le bras droit de Sharon, qui a obtenu le soutien de la Maison Blanche de Bush pour cette solution manifestement à sens unique. Il a déclaré au quotidien israélien Ha’aretz que le plan Gaza « fournit le formol nécessaire pour qu’il n’y ait pas de processus politique avec les Palestiniens ».

« Quand vous bloquez le processus, dit Weisglass, vous empêchez la formation d’un État palestinien. Cet ensemble qu’on appelle État palestinien, avec tout ce qu’il implique, a été indéfiniment rayé de notre programme. » Et cela, s’est-il vanté, avec la bénédiction des États-Unis, même s’ils prétendent encore officiellement chercher une solution au problème qui est au coeur du conflit du Moyen-Orient dans la « feuille de route » internationalement approuvée. Elle prévoit, on le sait, un Israël en sécurité dans le cadre de frontières universellement reconnues aux côtés d’un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza.
Bien que Sharon ait fait semblant d’accepter la feuille de route et qu’une batterie d’analystes indique que les propos de Weisglass ne sont qu’une concession verbale aux irrédentistes du Likoud opposés au retrait de Gaza, l’essentiel est que Weisglass ait aussi carrément exposé ce qui est le plan de son patron depuis un quart de siècle.
Ceux qui croient que c’est une réaction à l’irresponsabilité des dirigeants palestiniens et à la seconde Intifada devraient expliquer pourquoi les terres menacées d’être annexées – la totalité de la Cisjordanie sauf les 44 % inclus dans les trois cantons qui se trouvent à l’intérieur du prétendu mur de sécurité – sont pour l’essentiel celles qui figuraient sur la carte dressée par Sharon en 1982.

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Il est difficile de comprendre comment cette injustice accompagnée d’une telle autosatisfaction et d’un pareil déchaînement de violence dans le nord de Gaza sert les intérêts d’Israël ou de ses alliés américains. Elle apporte plutôt de l’eau au moulin des rangs massifs de leurs ennemis dans la région et dans le monde musulman en général.
La stratégie de Sharon est de s’emparer de la plus grande partie possible du territoire de la Cisjordanie – moins de 6 000 km2 – et de la plus faible partie possible de sa population. Elle est condamnée à l’échec.
Le président qui sera au pouvoir l’année prochaine à Washington devra faire savoir aux dirigeants israéliens – les Palestiniens ont déjà été avertis – que le monde ne peut plus accepter cette plaie ouverte, ce conflit garanti pour encore au moins une génération.

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