Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 18 octobre 2004 Lecture : 5 minutes.

Manger d’abord
J’ai lu la lettre « Les Guinéens ont faim » (J.A.I. n° 2281), où l’auteur dit « qu’il est temps que la population dise non au président Lansana Conté ». Malheureusement, les gens qui ont faim vivent au jour le jour et n’ont pas le courage de prendre ce genre d’initiative. Jamais, dans l’histoire de l’humanité, la famine n’a abattu la dictature. Celui qui a faim ne se révolte pas, il ne pense qu’à manger. Ce dont la Guinée a besoin – si personne au gouvernement n’a le courage de faire ce qui a été fait en Tunisie avec Bourguiba -, c’est d’un ultimatum des Nations unies. Le pouvoir serait sommé de prendre en compte les recommandations formulées par les forces vives et la société civile guinéennes. Faute de quoi, tous les liens entre les Nations unies et le pays seraient coupés.

Sûr que Bush va gagner
S’il est vrai que les Américains sont de grands enfants qui ne peuvent pas marcher et mâcher en même temps. Si, en bons post-adolescents chroniques, ils sont capables de poser hilares, agressifs et sans vergogne devant le corps fumant de leur dernière bavure. Si ce sont ces adultes immatures aux mouvements oculaires de nouveau-nés. Alors, au moment du vote, quand l’Amérique profonde, celle en forme de Culbuto, cherchera l’adrénaline dans l’isoloir, ce sera le bulletin George W. Bush qui sera glissé dans l’enveloppe. Les sourires de gosse naïf de ce « Je déclare la guerre à… », ses allures de matamore prépubère à qui Papa a offert un Hummer, sont un puits de jouvence pour l’électeur perplexe et flottant. George Walker Bush offre sans compter cette ressource infinie de l’innocence pathologique, cette capacité à faire les pires c… et à s’étonner de leurs conséquences. Au moment du vote, l’électeur indécis aura le choix de s’identifier à ce gamin armé de vrais pistolets ou à l’autre, John Kerry, le triste. Kerry qui, dans les caricatures, ressemble de plus en plus au Cri de Munch qui inspira le masque de Scream (film d’horreur de Wes Craven, 1996). Kerry et son sens de la formule qui terrasse Bush. Kerry et son côté dépressif bon genre. Dans le bafouillage et les idées prédigérées du président actuel, son aspect pas fini, bordélique, pathétique en devient finalement sympathique. Entre un Kerry angoissant par son inquiétante absence de défaut et Bush, incarnation subliminale du temps merveilleux où l’on se renverse le Coca dessus en regardant l’heure à notre nouvelle montre, ce sera le second auquel les électeurs s’identifieront. Tans pis pour les obèses, tant pis pour la couche d’ozone, tant pis pour l’Iran, tant mieux pour Halliburton.

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Mise au point
J’ai été fort surpris de lire dans Jeune Afrique/l’intelligent n° 2282 (du 3 au 9 octobre) une information me concernant, qui me cause un préjudice grave et porte un tort considérable à ma réputation. Dans cet article intitulé « Vent de fronde à Manhattan » et paru sous la rubrique « Confidentiel », l’auteur utilise des informations contenues dans un courrier électronique anonyme et à caractère diffamatoire, envoyé à plusieurs fonctionnaires des Nations unies.
Ce courrier électronique anonyme, signé par un « Comité pour l’amélioration de l’administration de l’ONU » qui en fait n’existe pas, a déjà été remis pour enquête au service juridique du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
Dans vos colonnes, il est fait mention du fait que je rejette vigoureusement toutes ces allégations : or aucun de vos journalistes, alors que j’en connais plusieurs depuis des années, n’a jugé utile de me téléphoner ou de me contacter pour vérifier cette information gravement diffamatoire à mon égard.
NDLR : Nous prenons volontiers acte de votre mise au point, même si sa conclusion nous laisse perplexes : le « Confidentiel » en question précise, en effet, que vous rejetez ces allégations, ce qui est manifestement conforme à votre position. Nous auriez-vous dit autre chose si nous vous avions joint ?

Comme sous Mobutu
Les droits de l’homme et la liberté d’expression n’existent toujours pas en République démocratique du Congo. Une pauvre femme a été abattue à la prison centrale de Makala, à Kinshasa, après avoir rendu visite à son mari qui y est détenu. Ce dernier était le garde du corps de feu le président Laurent Désiré Kabila. Le directeur de la prison veut masquer ces faits comme si nous étions encore à l’époque de Mobutu. Cela montre que cette transition n’est que le prolongement du régime précédent.

Abonnés à la charité
Au-delà de la courtoisie diplomatique, les pays développés n’ont aucune envie ni volonté réelles d’aider les pays sous-développés à se sortir de leur situation déplorable. Ils ne leur permettront pas d’être autre chose que ce qu’ils sont naturellement, c’est-à-dire des pays pauvres tout juste bons à être abonnés à la charité internationale. Pour preuve – parmi d’autres -, ils ont conduit les pays pauvres à se surendetter et n’ont jamais respecté leur engagement d’affecter 0,7 % de leur PIB à l’aide publique au développement.

Ah ! ces préjugés
J’ai trouvé l’article de Béchir Ben Yahmed sur les préjugés (« Ce que je crois », J.A.I. n° 2282) formidable et opportun, car nous sommes, pour la plupart, victimes de ce phénomène. Avec très peu de données, on se fait une idée sur quelqu’un, puis on lui colle une fausse étiquette, laquelle sera très difficile à enlever. Ce qui m’a frappé, c’est que B.B.Y. prenne les exemples du roi de Jordanie et du beau-fils de Nasser. On a du mal à croire que des gens si bien placés et si distingués puissent trahir leur nation, surtout au profit des Juifs qui, eux, ne trahiront jamais la leur.

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Sarkozy agace
J’ai envie de mettre en garde Nicolas Sarkozy, le ministre français de l’Économie, qui se comporte déjà comme un candidat à la présidence de la République. Attention, l’expérience a montré que les Français n’aiment pas les arrogants et ceux qui sont trop sûrs d’eux ! Rappelez-vous le célèbre « Je suis le Premier ministre de la France » de Laurent Fabius et le non moins célèbre « Au revoir » de Giscard. N’essayez pas de vous mesurer à Jacques Chirac : son charisme, sa vision politique et son humanisme sont sans égal. Et pour longtemps encore. Votre comportement et votre sourire de « vainqueur » agacent et vous créent des ennemis.

De l’affaire Elf à l’affaire Thatcher
Après la rocambolesque affaire Elf, qui a donné lieu à un grand déballage public, voilà maintenant l’affaire Thatcher.
Le lien entre ces deux pitoyables histoires est le pétrole africain. À supposer que le coup des mercenaires ait fait basculer la Guinée équatoriale dans la guerre civile, des milliers d’Équatoguinéens auraient été contraints de demander asile à l’Europe. Et que leur aurait-on répondu ? « Pas de papiers ? On ne veut pas de vous. » Il est vrai qu’aucun pays ne peut accueillir toutes les misères du monde, mais à condition de ne pas laisser ses ressortissants en créer chez les autres.

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Lésé par la Libye
Le discours « humaniste » et/ou/puis « arabiste » et/ou/puis « africaniste » et/ou/puis… etc., de Kadhafi est bien connu ! Je suis un être humain, un Arabe, un Africain… Malgré tout (ou à cause de tout ?), j’ai été lésé par la Caisse nationale de sécurité sociale libyenne d’une part importante de mes droits après vingt ans de prélèvements sur mon salaire, sans parler du fait que j’ai été privé de ma retraite. Je ne suis pas un cas isolé, c’est le problème de tous les ouvriers étrangers en Libye.

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