Priorité à l’éducation

Publié le 18 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

La rentrée de septembre pour l’année universitaire 2004-2005 a vu un afflux massif d’étudiants : 340 000 inscrits, alors qu’ils n’étaient que 302 000 la saison dernière. Cela fait près de 28 000 nouveaux étudiants, soit une augmentation de près de 10 % en un an. Avec un taux de fréquentation de l’université de 33,3 %, c’est donc un jeune Tunisien sur trois (dans la tranche d’âge des 19-24 ans) qui passe par un établissement d’enseignement supérieur. Pour mesurer le chemin parcouru, il faut savoir que ce taux était de 14 % en 1997 et de 6 % en 1987.
Une telle progression, due à un pic démographique doublé d’une plus grande démocratisation de l’éducation, implique des dépenses budgétaires supplémentaires. Cette année, 91 277 bourses ont été octroyées. Et l’État consacre un tiers de son budget au secteur de l’éducation et de la formation professionnelle. « L’amélioration du niveau d’études des Tunisiens est une chance pour l’avenir, commente Sadok Chaabane, le ministre de l’Enseignement supérieur. Avec de telles statistiques, la Tunisie devrait égaler les performances des pays développés en termes de scolarité avant 2010. » Des chiffres qui traduisent la volonté d’instaurer un système universitaire en mesure d’aider les jeunes à trouver un emploi et de les orienter vers les filières d’avenir. Celles qui sont liées aux nouvelles technologies de l’information et de la communication reçoivent 34 000 étudiants, soit 10 % des inscrits. Les filières courtes (deux ans d’études supérieures) réputées, car elles permettent de trouver facilement un emploi, accueillent 39,2 % des étudiants.

D’aucuns pourraient déplorer la trop forte évolution de la fréquentation de l’université sur la qualité de la formation et le niveau des étudiants. Ce n’est pas nécessairement vrai… Cette année, le taux de réussite des Tunisiens aux concours d’entrée aux grandes écoles françaises dépasse les 70 %. Les étudiants du pays se défendent bien et parfois excellemment quand ils sont en compétition dans des universités étrangères. Autre critère de jugement, la demande croissante des pays étrangers en cadres tunisiens. Plus de 8 500 d’entre eux travaillent comme expatriés dans la coopération technique gérée par l’administration. En 2003, ils étaient 1 400 cadres à tenter l’expérience. Précédés par leur réputation, les experts tunisiens sont demandés par des pays aussi divers que le Japon, le Canada, l’Espagne, la Jordanie, le Mali, le Tchad, le Niger, la Mauritanie, l’Égypte et les pays du Golfe. Ils sont notamment spécialistes des actions de coopération « triangulaire » Tunisie-Afrique, financées par les principaux États donateurs ou les organisations régionales et internationales.

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La quantité et la qualité des étudiants sont de bon augure pour l’avenir des technopoles spécialisées du pays, principaux centres de liaison entre la recherche appliquée et l’entreprise. Ces technopoles devraient rapidement devenir de véritables mines d’or en matière de ressources humaines. Déjà celles de Sidi Thabet, dédiée à la biotechnologie et l’industrie pharmaceutique, et de Borj Cedria, spécialisée dans la biotechnologie végétale, sont opérationnelles. La technopole des télécommunications d’El-Ghazala n’a plus besoin d’être présentée. Et d’autres sont en cours de mise en place ou doivent voir le jour d’ici à 2010 à Sfax (informatique et multimédia), Sousse (mécanique, électronique et informatique), Bizerte (agroalimentaire) et Monastir (textile et habillement).
On pourrait objecter que, une fois diplômés, les étudiants ont souvent du mal à trouver du travail. Les nouveaux diplômés représentent environ 45 % des demandes additionnelles d’emploi chaque année. Des milliers d’entre eux deviennent chômeurs et continuent à rêver d’émigration, malgré les programmes mis en place par le gouvernement pour leur permettre de s’adapter au marché de l’emploi. L’objection est légitime. Mais la réponse des responsables est tout aussi juste : ces jeunes auraient certainement moins de chances de trouver un travail s’ils n’étaient pas allés à l’université. L’un des défis du nouveau mandat sera de les aider à s’en procurer un.

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