llégale, vous dis-je

Publié le 18 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

George W. Bush et Tony Blair étaient-ils dans l’illégalité lorsqu’ils ont, le 20 mars 2003, ordonné à leurs troupes d’envahir l’Irak ? On sait que les deux raisons principales dont ils ont fait état pour justifier leur entrée en guerre étaient fallacieuses puisqu’il est désormais établi qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive ni de connexion entre le régime de Saddam et al-Qaïda, mais avaient-ils pour eux la légalité internationale ?
À force d’obstination, un journaliste de la BBC a réussi à arracher, le 16 septembre dernier, au trop prudent secrétaire général des Nations unies son jugement sur cette guerre de plus en plus controversée.
Mais, s’il a irrité G.W. Bush et suscité les protestations de son entourage, le verbatim de ce verdict n’a jamais été publié par la presse écrite d’expression française.
Le voici, fidèlement traduit de l’anglais.
Vous constaterez à sa lecture que, « titillé » par un bon journaliste, le doux et prudentissime Kofi Annan a dû se résoudre in fine à murmurer ce que le devoir de sa charge l’obligeait à claironner avant le 19 mars 2003 : l’équipée de MM. Bush et Blair en Irak est illégale.

Le journaliste : Craignez-vous que les États-Unis ne deviennent une puissance incontrôlable, unilatérale ?
KOFI Annan : Je pense que, dans l’année qui vient de s’écouler, nous avons tous fait face à des leçons difficiles. Je veux dire depuis la guerre en Irak. Je pense qu’il y a eu des leçons pour les États-Unis et des leçons pour l’ONU et pour les autres États membres, et je pense que finalement tout le monde est arrivé à la conclusion qu’il vaut mieux travailler ensemble et dans le cadre de l’ONU pour traiter certains de ces problèmes. Et j’espère que nous ne reverrons pas avant longtemps une autre opération du type « Liberté en Irak »…
Le journaliste : … Pensez-vous que la résolution qui a été adoptée avant la guerre donnait l’autorisation légale de faire ce qui a été fait ?
Kofi Annan : Je suis de ceux qui croient qu’il aurait dû y avoir une seconde résolution parce que le Conseil de sécurité indiquait que si l’Irak ne se conformait pas à ce qu’on attendait de lui, il y aurait des conséquences. Mais il appartenait au Conseil de sécurité de donner son accord ou de décider de ce que seraient ces conséquences.
Le journaliste : Donc, vous ne pensez pas qu’il y avait une autorisation légale de faire la guerre ?
Kofi Annan : J’ai indiqué clairement qu’elle n’était pas en conformité avec la position du Conseil de sécurité – avec la Charte des Nations unies.
Le journaliste : Elle était illégale ?
Kofi Annan : Oui, si vous voulez.
Le journaliste : Elle était illégale ?
Kofi Annan : Oui, j’ai indiqué qu’elle n’était pas en conformité avec la Charte des Nations unies, de notre point de vue, et que du point de vue de la Charte, elle était illégale.

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