Le pétrole est à moi !
Publié le 18 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.
On inaugure solennellement le complexe pétrochimique d’Arzew […] qui liquéfiera le gaz naturel d’Hassi R’mel et l’exportera, méthane liquide, vers l’Europe. Arzew marque un premier jalon d’importance sur la voie de l’industrialisation de l’Algérie. […] La nouvelle doctrine pourrait s’énoncer ainsi : « Le pétrole et le gaz situés sur notre sol sont notre propriété, non la propriété de ceux qui les exploitent. Certes, les sociétés ont droit à une juste rémunération de leurs investissements et des services fournis, mais la « rente » des richesses algériennes revient à l’Algérie. Ces richesses doivent être en priorité utilisées pour l’industrialisation et l’équipement du pays. Cette attitude est seule susceptible de recréer un équilibre équitable entre pays producteurs et pays consommateurs de pétrole ou de gaz. »
C’est très simple, c’est logique, c’est évident ? Non : personne jusqu’à maintenant n’avait voulu l’admettre ni l’affirmer. […] Dans le monde entier, les matières premières reviennent aux pays dont elles sont la propriété. Mais pour le pétrole, halte-là ! Les pays producteurs n’ont rien à dire. Pétrole : chasse gardée. L’Algérie aujourd’hui le refuse et réclame le droit de disposer de son pétrole, comme le Ghana de son cacao, le Maroc de ses phosphates. Scandale ! Bien plus : puisque pétrole et gaz sont sa propriété, elle veut connaître les bénéfices réalisés, prélever des impôts, orienter la production, bref se comporter en État souverain, décider elle-même, voire exploiter elle-même. […]
La doctrine posée, il reste à la mettre en action. […] Aux sociétés, on dit que l’ancien système a vécu et qu’elles doivent s’adapter aux conditions nouvelles. On ne leur impose pas une loi d’airain : l’Algérie veut seulement que les sociétés paient l’impôt et situent en Algérie 50 % de leur chiffre d’affaires au lieu d’exporter complètement le produit de leurs activités. […]
« Le pétrole est à moi ! dit Ben Bella, et je peux l’exploiter moi-même. » Voilà le roi nu, voilà le pétrole démystifié. Mais il ajoute : « Partageons, entendons-nous sur de nouveaux rapports, équitables cette fois. » Il pose là plus qu’un jalon, plus qu’une politique algérienne : peut-être, un précédent.
