Le bout du tunnel ?

Le gouvernement d’union étrenne ses cent jours, et l’adoption des lois organiques devrait marquer la fin définitive de la transition.

Publié le 18 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

Les Comores en ont bientôt terminé avec la « transition ». Après l’élection des Assemblées des îles et de l’Union (entre mars et mai 2004), la formation, en juillet, du gouvernement d’union nationale, et la mise en place, en septembre, de la Cour constitutionnelle, les députés comoriens ont commencé à se pencher sur les lois organiques. Elles délimiteront les compétences de l’État central et des îles autonomes de Ngazidja (Grande Comore), d’Anjouan et de Mohéli. Le flou dans les dispositions (notamment budgétaires) régissant la transition a été à l’origine d’un paralysant conflit de compétences, qui a opposé pendant deux ans le pouvoir central du président Azali Assoumani à celui de l’île de Ngazidja, incarné par Mze Abdou Soulé el-Bak.
Ce conflit est donc en passe d’être résolu sur le papier. Anjouan et Mohéli participent déjà au gouvernement de l’Union, les deux îles disposant chacune d’un ministère d’État. En revanche, les choses continuent à « coincer » avec la Grande Comore. « Nous ne souhaitons pas cautionner ce gouvernement en y participant. Nous allons observer avec vigilance ses premiers pas, puis réfléchir », explique Mohamed Issimaïla, ministre de l’Éducation de Ngazidja.
Côté unioniste, on se force à prendre les choses avec philosophie. « En vertu de la Constitution, le président Azali aurait pu former une équipe à sa convenance, note Mohamed Mouigni, le secrétaire général du gouvernement. Mais il a voulu tirer les leçons des urnes, choisir l’apaisement et l’ouverture. Les gens de Ngazidja voulaient qu’on attende le vote des lois organiques avant de former le gouvernement. Mais le pays n’allait pas rester privé de direction pendant plusieurs mois ! Maintenant, s’ils reconsidèrent leur position après le vote de ces lois, tant mieux, nous restons disposés à les accueillir… »
Pendant ce temps, sur le front politique, le camp présidentiel s’est structuré, et la Convention pour le renouveau des Comores (CRC) a tenu son congrès constitutif. Abdou Soefo, patron de la société des hydrocarbures, et proche d’Azali, déjà en charge du secrétariat général du parti, a reçu confirmation des militants. Il veut faire de la CRC une formation moderne, puissante et organisée. « Nous appuyons l’action du président, mais notre horizon ne s’arrête pas au terme de son mandat, nous devons inscrire notre action dans la durée », a-t-il déclaré. Une façon de botter en touche au moment où la presse spécule sur les intentions réelles du chef de l’État, à qui l’on prête le désir de prolonger de deux ans un bail, qui doit normalement s’achever en 2006.
« Le président est certes élu pour quatre ans, note un observateur, mais ses proches tentent de faire admettre que son mandat n’a effectivement commencé qu’avec la fin de la transition, c’est-à-dire en 2004, les deux années perdues à cause du conflit de compétences ne comptant pas. » Cette opinion rencontrera-t-elle l’adhésion des Anjouanais et de la communauté internationale ? Les Comores peuvent difficilement se passer du soutien de celle-ci. L’État a accumulé plusieurs mois de retard de salaires.
Des arriérés qui s’expliquent par les lourds investissements réalisés sur fonds propres par l’Union entre 2002 et 2003, notamment pour mettre fin aux délestages et coupures de courant devenues récurrentes. À cela se sont ajoutées les dépenses budgétaires classiques en période d’élection, et une augmentation de la masse salariale de la fonction publique de l’Union et des trois îles, passée en six mois de 800 millions (1,6 million d’euros) à 1,1 milliard de francs comoriens. Les autorités, qui misaient sur le déblocage de l’aide internationale une fois la transition achevée, n’ont rien vu venir. Elles se voient maintenant reprocher leur laxisme budgétaire et financier.
Des critiques jugées « difficiles à avaler ». Heureusement, les ponts ne sont pas totalement rompus. Et, en marge de son déplacement à New York, pour l’Assemblée générale des Nations unies, le président Azali s’est rendu à Washington pour reprendre langue avec la Banque mondiale et le FMI, et défendre le dossier des Comores, qui rêvent d’annulation de leur dette extérieure (288 millions de dollars, soit 89 % du PIB).

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