Déconfinement en Tunisie : tollé après une mesure sexiste visant les mères de famille

Le gouvernement tunisien a annoncé dimanche 3 mai qu’il allait reformuler un décret sur la levée progressive du confinement, après un tollé provoqué par une mesure qui enjoignait aux « mères d’enfants de moins de 15 ans » de rester à domicile.

Le 20 mars 2019 à Tunis, lors des célébrations de l’Indépendance. Photo d’illustration. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Le 20 mars 2019 à Tunis, lors des célébrations de l’Indépendance. Photo d’illustration. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 3 mai 2020 Lecture : 1 minute.

Le confinement très strict mis en place le 22 mars va commencer à être levé lundi, avec une reprise de l’activité à 50% des effectifs dans de nombreux secteurs non essentiels.

Dans un décret paru dans la nuit de samedi à dimanche au Journal officiel (JO), le gouvernement prévoit que certaines personnes continuent de rester confinées, dont « les retraités de plus de 65 ans », les personnes atteintes de maladies chroniques ainsi que les femmes enceintes et « les mères dont l’âge des enfants ne dépasse pas 15 ans », la mesure pour les enfants eux-mêmes n’étant pas précisée.

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Ce décret a déclenché un tollé, de nombreux internautes dénonçant un texte « patriarcal ». Selon l’Institut national de la Statistique, les femmes représentent officiellement environ 30% de la population active en Tunisie, un chiffre sous-évalué selon certaines associations.

« Vision machiste et patriarcale »

« Cette exception outrageante traduit la vision machiste et patriarcale des rôles et des attributs sociaux de sexe qui fait porter aux seules femmes la responsabilité des enfants », ont déploré dimanche de nombreuses associations de défense des droits des femmes dans un communiqué commun, rappelant que l’égalité était inscrite dans la Constitution tunisienne adoptée en 2014, après le Printemps arabe.

« Au-delà des droits des femmes, le gouvernement devrait savoir qu’il y a des pères qui veulent s’occuper de leurs enfants et d’autres qui devraient le faire », a commenté Bochra Bel Haj Hmida, ancienne députée et ex-présidente de la Commission pour les libertés individuelles et l’égalité.

Dimanche, les autorités ont fini par publier un communiqué sur les réseaux sociaux, évoquant une « erreur dans la rédaction finale du texte ». Celui-ci sera amendé et une nouvelle version publiée au JO.

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