Filières gagnantes

De l’agriculture à l’industrie en passant par l’extraction d’hydrocarbures, la stratégie vise à privilégier les avantages comparatifs.

Publié le 18 octobre 2004 Lecture : 5 minutes.

Agriculture Exporter plus pour réduire le déficit alimentaire

Il est bien connu qu’en Tunisie, quand l’agriculture va, tout va. Après trois années consécutives de sécheresse entre 1999 et 2002, le secteur bénéficie de bonnes conditions climatiques depuis 2003. Si bien que la récolte céréalière a atteint 29 millions de quintaux en 2002-2003, frisant le record historique de 30 millions de quintaux enregistré en 1985. En 2003-2004, elle ne s’est élevée qu’à 24 millions de quintaux, mais cela reste un niveau légèrement supérieur à la moyenne annuelle. Cette baisse s’explique notamment par la grêle et la maladie de la « rouille » qui ont touché respectivement 20 000 et 15 000 hectares au début de l’été, juste avant le début des moissons. Le retour de récoltes abondantes a tout de même permis d’influer favorablement sur la balance commerciale. Les importations de céréales ont nettement diminué en 2003, atteignant 382 millions de dinars (245 millions d’euros) contre 651 millions de dinars une année auparavant.
Les perspectives sont encore meilleures pour l’huile d’olive, dont la Tunisie est l’un des principaux exportateurs dans le monde. La production est passée de 72 millions de tonnes en 2002-2003 à 240 millions de tonnes en 2003-2004, un niveau jugé exceptionnel qui se rapproche du record historique de 310 millions de tonnes en 1996-1997. Le volume et la valeur des exportations d’huile d’olive en 2004 dépassent les prévisions. Pour les huit premiers mois de l’année, les exportations se sont élevées à 193 millions de tonnes et ont rapporté 600 millions de dinars.
Au total, le déficit de la balance alimentaire est passé de 587 millions de dinars en 2002 à 329 millions en 2003, soit une amélioration de 45 %. Ce déficit devrait être encore moins important cette année grâce à la performance de l’huile d’olive. Mais il aurait pu être réduit davantage si le pays refrénait sa boulimie de consommation pendant le mois du ramadan, qui vient de commencer. À cette occasion, la flambée de la demande en produits alimentaires est telle que le gouvernement se trouve contraint, comme chaque année, de procéder à des importations d’appoint. Ce qui donne une idée de l’incapacité de la Tunisie à satisfaire la totalité de ses besoins en nourriture, notamment en viande et en lait, durant cette période de « jeûne ».

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Energie Après le pétrole, les opérateurs misent sur le gaz naturel

Avec la flambée des cours mondiaux du pétrole qui sont passés au-dessus de 50 dollars le baril, la Tunisie accélère son exploitation de gaz naturel dont l’utilisation date d’une vingtaine d’années. Elle dispose de réserves prouvées de l’ordre de 308 millions de barils de pétrole et de 435 millions de barils-équivalent pétrole de gaz. Cependant, la production de brut est en baisse, tandis que celle de gaz est en hausse. Depuis 1999, et en raison d’une demande d’énergie qui augmente de 4,5 % par an (et de 7 % pour l’électricité), il faut faire face à un déficit énergétique structurel. En 2004, la production en énergie devrait atteindre 6,6 millions de tonnes équivalent pétrole (tep). La production d’or noir est d’environ 3,3 millions de tonnes et celle de gaz est de 3 millions de tep. Selon les estimations du ministère de l’Industrie et de l’Énergie, la demande en hydrocarbures devrait augmenter d’un tiers d’ici à 2010, pour atteindre 10 millions de tep. L’objectif est de couvrir 50 % de cette demande en pétrole, 48 % en gaz et 2 % en énergies renouvelables.
Comment répondre aux besoins sans trop déséquilibrer la balance des paiements du pays ? D’abord par l’accroissement de la production pétrolière et gazière, mais il faudra pour cela faire de nouvelles découvertes. Actuellement, trente-six compagnies pétrolières internationales et locales s’adonnent à l’exploration et à la production des hydrocarbures en onshore et en offshore, avec un investissement moyen de 200 millions de dollars par an. De nouveaux encouragements ont été consentis à travers une loi adoptée en août dernier consistant notamment à accorder des exonérations fiscales aux bénéfices réinvestis dans l’exploration ou dans les gisements abandonnés lorsque les cours du pétrole n’en assuraient pas la rentabilité commerciale.
Le deuxième moyen pour réduire le déficit énergétique croissant est la diversification des sources d’approvisionnement, notamment en gaz naturel. Ainsi, outre sa propre production, la Tunisie reçoit en nature ou en cash entre 5,25 % et 6,75 % du gaz du pipeline Algérie-Italie transitant à travers son territoire. De plus, à partir de 2008, elle pourra être approvisionnée à hauteur de 2 milliards de m3 de gaz par le pipeline Libye-Tunisie en cours de construction.
Le troisième moyen est la rationalisation de la consommation d’énergie. Les nouvelles centrales thermiques doivent désormais fonctionner au gaz et le réseau domestique de distribution est en cours d’extension pour encourager les ménages à utiliser le gaz. Quant aux industries « énergétivores », elles sont tenues d’effectuer des audits pour abaisser leur consommation et le montant de leurs factures.

Industrie Du textile à l’automobile

La part du secteur manufacturier dans le Produit intérieur brut (PIB) atteint 18 %. Les industries du textile et de l’habillement, la chimie et l’agroalimentaire sont des activités bien ancrées. Les premières datent du début des années 1970 et représentent aujourd’hui 48 % des exportations de biens. La deuxième consiste à transformer les ressources locales de phosphates. L’agroalimentaire (4 % du total des exportations) est, quant à lui, fondé sur l’huile d’olive, dont le pays est un important producteur. Plus récentes, les industries mécaniques, électriques et électroniques n’ont pris leur essor qu’au cours des quinze dernières années, mais elles occupent le deuxième rang dans les exportations après le textile. Elles ont connu en 2003 un fort taux de croissance de 5,1 %, meilleur que celui des autres secteurs. Leurs exportations, d’une valeur de 2,15 milliards de dinars, représentent 21 % des échanges extérieurs du pays.
L’activité des composants automobiles a pu s’affirmer à l’échelle internationale : la Tunisie est devenue l’un des dix principaux fournisseurs des grands constructeurs automobiles européens comme Audi, Volkswagen, Mercedes, PSA Peugeot Citroën et Fiat. Ces fournitures sont à 63 % des câbles électriques, 12 % des accessoires y compris les filtres à huile et à air, 7 % des composants électroniques, 5 % des systèmes de transmission, 3 % des pièces de moteurs. Le secteur comprend 132 entreprises dont 62 (françaises, italiennes, allemandes, américaines et tunisiennes) exportent la totalité de leur production. Parmi les constructeurs qui produisent en Tunisie figurent Renault, Valeo, Bosch, Scania, Volvo, Isuzu, General Motors et Pirelli. D’après une étude effectuée en 2004 par le cabinet Ecorys-Ney, les coûts de production de composants automobiles en Tunisie présentent des avantages comparatifs par rapport à ses concurrents directs, notamment la Roumanie, le Maroc, la Hongrie, la République tchèque, la Pologne, la Turquie.

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