Des femmes et des hommes

Publié le 18 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

Vous êtes de ceux qui acceptent de prendre en considération les faits et leurs conséquences ? La vérité, aussi désagréable soit-elle, ne vous fait pas peur ? Bien.
Sachez alors ceci :
Depuis que le monde est monde, les hommes et les femmes s’accouplent (pour le plaisir sexuel et pour la reproduction), et l’acte auquel ils s’adonnent a des conséquences importantes que nous voulons ignorer parce qu’elles nous gênent. Mais, depuis peu, les chercheurs, c’est leur métier, et la science, grâce à l’ADN, nous les mettent sous les yeux. Alors, regardons-les en face.

Il était déjà établi, et je l’ai rapporté dans ces colonnes, que, sous toutes les latitudes et depuis longtemps, près du tiers des enfants – 28 % en moyenne – ne sont pas issus des pères qui croient, ou veulent croire, qu’ils sont les leurs.
Dans un article publié en septembre par Nature Genetics et analysé par notre confrère The Economist, le professeur Michael Hammer, de l’université (américaine) de l’Arizona, nous explique le pourquoi et le comment de cet étonnant phénomène.

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Nous savions déjà que les hommes et les femmes ne sont pas monogames, même lorsqu’ils prétendent le contraire, comme la loi et/ou les règles sociales le leur imposent. Ce que le professeur Hammer a découvert et nous révèle, c’est que peu d’hommes fertilisent beaucoup de femmes et que ce fait fondamental, révélé aux chercheurs par les chromosomes de nos enfants, nous caractérise depuis toujours, sous toutes les latitudes, quelles que soient nos religions, nos cultures et nos traditions.
En très gros et en moyenne :
– chaque femme fertile a des enfants de deux hommes (au moins) qui transmettent leurs gènes à ses enfants. Et c’est elle qui choisit en secret le mâle (autre que son mari) avec lequel elle accepte de s’accoupler ;
– les femmes ont des goûts similaires et elles ont tendance à choisir le même type d’homme. Certains d’entre nous, hommes, ont par conséquent plus de chances d’être choisis que les autres.
Et ce sont ces mâles – moins nombreux qu’on ne le pense et moins nombreux que les femmes – qui passent leurs gènes aux générations suivantes, parce que les femmes les ont élus pour cette fonction.

Les recherches du professeur Hammer ont révélé un autre phénomène : dans la plupart des sociétés, lorsqu’une femme épouse un homme, c’est elle qui, le plus souvent, « voyage » pour aller s’établir dans le village, la ville ou le pays de son mari. On pensait jusqu’ici qu’elle y transportait ses gènes, qu’elle les transmettait à sa descendance (avec ceux de son mari) et que la migration n’avait pas d’autre conséquence.
« Erreur, nous dit le professeur Hammer, cette migration a pour corollaire que la femme cherche et trouve, dans son nouveau lieu de résidence, en dehors et en plus de son mari, « l’autre homme » qui la fertilise. Elle le choisit selon ses critères à elle, qui sont presque toujours les mêmes à travers l’histoire et la géographie. L’homme que son coeur – et son corps – élisent est le plus souvent grand et fort, ou bien riche, mystérieux et… étranger.
Elle aura de lui un ou des enfants, dont un autre, son mari, se croira le père. »
La migration des femmes favorise ainsi doublement le brassage intercommunautaire et interracial…

Qu’ils soient adeptes de la monogamie, de la bigamie ou de la polygamie, les hommes, eux, continuent de croire que leur progéniture porte leur ADN… et « d’ignorer » que leurs femmes pratiquent la « polyandrie ». Mais sans l’afficher ni s’en prévaloir…
Au fait, dans le règne des animaux, n’est-ce pas la même chose ? Et la femme bigame (ou polyandre) n’obéit-elle pas à un instinct animal ?

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