Chirac encensé par les médias
Publié le 19 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.
Au retour du voyage qu’il a effectué en Chine, du 8 au 12 octobre, à la tête d’une délégation de trois cents industriels et hommes d’affaires, le président français a sobrement affiché sa « satisfaction ». De son côté, la presse française reste prudente quant au bilan qu’elle fait d’une visite principalement marquée par la conclusion de 4 milliards d’euros de contrats ramenés par le chef de l’État.
À Pékin, en revanche, on ne s’embarrasse pas de nuances : le journal Beijing Chenbao qualifie la visite du président français de « triomphe du gaullisme économique » avant de détailler, dans un long article d’analyse, les raisons pour lesquelles les relations économiques et commerciales entre la Chine et la France forment une sorte de pont entre les deux continents. On assisterait ainsi, grâce à la France, à l’ouverture d’un axe euro-chinois d’importance dans le triangle stratégique constitué par la Chine, l’Amérique et l’Europe. Et ce, même si les Airbus, les centrales nucléaires et la technologie française ont encore bien du chemin à faire avant de s’imposer dans l’empire du Milieu…
Le Wen Hui Bao, quotidien de Shanghai, est encore plus enthousiaste en estimant que « les relations économiques entre les deux pays ont pris le TGV » et que tout joue en faveur d’une accélération des échanges commerciaux franco-chinois : la baisse des taxes douanières chinoises dans le cadre de l’OMC, la série d’appels d’offres pour les infrastructures des jeux Olympiques de Pékin et l’exposition universelle de Shanghai, l’évolution des priorités des deux gouvernements, etc. D’une manière plus générale, la presse chinoise, dans son ensemble, souligne que c’est la première fois que la Chine signe autant de contrats à l’occasion d’une seule visite de quelques jours effectuée sur son sol par une délégation étrangère. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce « formidable succès ». Tout d’abord, les Chinois se sont montrés sensibles aux efforts déployés par Jacques Chirac et par la France en faveur de la levée de l’embargo sur les armes auquel leur pays reste soumis. Ensuite, grâce au ton délibérément réservé adopté par le président français sur la question des droits de l’homme, la France a marqué des points dans l’opinion publique chinoise qui lui est reconnaissante de ne pas se joindre au cortège des « donneurs de leçon ». Enfin, les critiques formulées par Paris à l’égard de la tendance indépendantiste taiwanaise ont été très appréciées, s’agissant de la dernière blessure nationale restée à vif.
Internet confirme ce verdict de la presse dans un pays où les médias ne sont pas encore totalement libres : à l’unanimité, les internautes Chinois ont « voté Chirac ». Ils sont séduits par son attachement à leur culture traditionnelle, par ses citations des poèmes de Li Bai et de Du Fu, et par les poignées de main qu’il a généreusement dispensées aux étudiants.
Selon l’enquête réalisée par l’institut de sondages Zero à Pékin, à l’issue de cette visite, la France est devenue le pays étranger qui a les préférences de la majorité des Chinois, et son président a grimpé jusqu’à la première place au palmarès de la popularité. Du coup, la France accède aussi au rang de destination favorite pour les futurs touristes chinois, pour les étudiants souhaitant poursuivre leurs études à l’étranger et pour les hommes d’affaires désireux de coopérer avec des partenaires extérieurs… Une tendance que l’ouverture de l’Année de la France en Chine ne pourra que renforcer.
