Zawahiri adoube le GSPC
Al-Qaïda a marqué le cinquième anniversaire des attaques du 11 Septembre par une offensive médiatique en trois temps. Le 7 septembre, CNN diffuse des extraits d’un « documentaire » de 52 minutes montrant des images de la préparation des attaques, où l’on voit Oussama Ben Laden en « séance de travail » avec les futurs pirates, en compagnie du Yéménite Ramzi Ibn al-Chibah, coordonnateur de l’opération, aujourd’hui captif de la CIA. Le lendemain, Abou Hamza al-Mouhajir, successeur d’Abou Moussab al-Zarqaoui à la tête d’al-Qaïda en Mésopotamie, effectue sa première sortie médiatique à travers un enregistrement audio : il demande à chaque sunnite irakien de tuer, durant deux semaines, au moins un soldat américain par jour pour « célébrer » le 11 Septembre. Enfin, une longue interview d’Aymen al-Zawahiri, bras droit de Ben Laden, à As-Sahab, branche communication de l’organisation djihadiste. Dans son adresse, le numéro deux d’al-Qaïda émet une nouvelle fatwa exigeant une multiplication des attentats dans les pays du Golfe. Il dénonce l’agression israélienne au Liban et réussit la prouesse de glorifier la défaite de Tsahal au pays du Cèdre sans jamais citer le Hezbollah. On sait les sentiments que nourrit Zawahiri à l’égard des chiites. L’orateur rappelle aussi un fait essentiel : le champ de bataille d’al-Qaïda se rapproche de plus en plus des frontières de l’État hébreu, l’ennemi principal. Après avoir dénoncé George W. Bush et Tony Blair, qui « trompent leur opinion sur l’ampleur du désastre qui les attend », Zawahiri renouvelle sa vindicte contre les régimes égyptien, jordanien et saoudien, accusés d’avoir donné leur bénédiction à la guerre menée par Israël contre le Liban.
De nombreux spécialistes de la mouvance djihadiste sont convaincus que cette offensive médiatique est une sorte de fatwa pré-ramadan (le mois sacré devrait débuter le 24 septembre). Mais la déclaration de Zawahiri contient aussi une information inédite : l’affiliation officielle du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), l’organisation terroriste algérienne, à al-Qaïda. « J’ai été mandaté par Oussama Ben Laden pour révéler l’allégeance du GSPC », a affirmé Zawahiri, qui vante les actes de guerre des « Lions du Maghreb », citant notamment l’attaque de la caserne mauritanienne de Lemgheyti, en juin 2005. Cette annonce confirme les efforts de Ben Laden de structurer les djihadistes du Maghreb au sein d’une organisation similaire à celle mise en place en Irak : Qaïdat al-Djihad fi Bilad al-Berber (« Base de la guerre sainte dans le pays des Berbères »). Un premier travail avait été effectué par Zarqaoui, qui entretenait une correspondance soutenue, via Internet, avec le chef du GSPC, Abou Moussab Abdelwadoud. L’élimination par l’armée américaine de Zarqaoui, le 7 juin 2006, à Baaqouba, a mis entre parenthèses le projet. Il semblerait que Zawahiri souhaite le remettre à l’ordre du jour. Les révélations sur l’existence d’une organisation djihadiste au Maroc connue sous le nom d’Ansar al-Mahdi le confirment.
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