Soumaïla Cissé

Président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine

Publié le 18 septembre 2006 Lecture : 3 minutes.

La réunion des ministres de la zone franc à Paris, le 12 septembre, aura au moins permis de rassembler l’ensemble des argentiers africains devisant en francs CFA. Si Soumaïla Cissé n’est plus le ministre malien des Finances, il l’a été de 1993 à 2000 sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré. Depuis 2004, c’est en tant que président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qu’il participe à ce rendez-vous semestriel. L’occasion, cette fois-ci, de prendre part activement à la réunion de rédaction hebdomadaire de Jeune Afrique. Le scandale des déchets toxiques à Abidjan est sur toutes les lèvres et il n’hésite pas à donner son point de vue. « S’il faut lutter contre les importations de produits dangereux, il ne faut pas oublier non plus les déchets intérieurs tout aussi nocifs. Les engrais et les pesticides utilisés dans l’agriculture, abandonnés çà et là, constituent une réelle menace pour les populations », estime celui qui fut ministre malien de l’Équipement, de l’aménagement du territoire, de l’environnement et de l’urbanisme de 2000 à 2002.

Pour le reste, il fut surtout question d’économie. Natif de Tombouctou, Cissé a conservé l’esprit critique inculqué durant ses études scientifiques qui l’ont conduit à l’université de Dakar (Sénégal), puis à celle de Grenoble (France). Ingénieur en informatique chez IBM, Péchiney, Thomson ou encore Air Inter, avant de revenir au pays à la direction de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), son « logiciel mental » est fait de convictions. Pour ce qui est de la politique monétaire, « il faut débattre librement des inconvénients et des avantages de la parité fixe du franc CFA par rapport à l’euro, estime-t-il. Cela ne doit pas être un dogme, car ce système manque de souplesse et handicape, actuellement, notre commerce extérieur. » Prudent, il reconnaît que cette question est sensible et qu’en l’état actuel des choses il est illusoire de livrer la monnaie aux caprices du marché.
« Nous devons au préalable créer les conditions d’une croissance durable et soutenue », affirme le Malien, qui peut toutefois s’enorgueillir d’un bon bilan à la tête de l’organisation. Et ce malgré une conjoncture défavorable. Les troubles politiques en Côte d’Ivoire, pays qui représente 40 % de l’économie régionale, les conséquences de la sécheresse sur les productions agricoles et la flambée pétrolière sont autant de facteurs qui plombent la croissance.

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Voix douce, idées claires, Soumaïla Cissé se veut malgré tout optimiste et annonce un petit 4 % de croissance du PIB pour la zone en 2006, contre un décevant 3,6 % en 2005. Pour l’avenir, il juge prioritaire la modernisation des infrastructures afin de faciliter la libre circulation des marchandises et des personnes. La liste est longue : ponts, routes, téléphonie, forages L’ensemble de ces dépenses représente 70 % du Programme économique régional (PER), évalué à 2 910 milliards de F CFA sur la période 2006-2010. L’autre volet consiste à impliquer les populations pour donner corps à l’intégration régionale et lutter efficacement contre la pauvreté. « L’économie ne doit pas être la chasse gardée des hommes en costume-cravate », confie ce père de quatre enfants, âgé de 57 ans, qui cultive un talent pour la simplicité et la proximité.
Ce qui ne l’empêche pas d’avoir du caractère et de l’ambition. « Lors des sommets de l’UEMOA, je sors mes tableaux et je dresse la situation des huit pays membres devant les chefs d’État. La surveillance mutuelle va nous tirer vers le haut. » Tout y passe, et notamment les sujets qui fâchent : l’inflation, les dépenses publiques et la fiscalité.
Au final, la méthode commence à porter ses fruits. Alors que l’union douanière est d’ores et déjà une réalité, les efforts doivent à présent porter sur la fiscalisation du secteur informel. Un travail qui sera effectué « en souplesse, sans fâcher les populations. Mais tout le monde doit comprendre que l’impôt est nécessaire pour dégager des ressources ». Le prochain sommet de l’organisation est prévu à Ouagadougou en décembre. L’heure du bilan. Son mandat à la tête de la Commission arrivera justement à échéance. « Je suis disposé à servir », répond-il.

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