Niger : affrontements entre l’armée et des jihadistes aux portes de Diffa
D’importants combats qui ont opposé l’armée nigérienne à des combattants jihadistes ont fait deux morts, dimanche, aux portes de Diffa, près de la frontière avec le Nigeria.
Dans une vidéo de propagande diffusée par l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), issu d’une scission de Boko Haram et affilié à l’Etat islamique, on voit de nombreux insurgés s’emparer au milieu de tirs nourris d’armes automatiques d’un camp de l’armée nigérienne, mettant la main sur des véhicules et des stocks d’armements aux cris de « Allah Akbar ». Ils semblent ensuite quitter le camp avec les véhicules. On voit également un soldat nigérien, couché face contre sol, qui semble déjà mort ou inanimé, recevoir deux balles.
Deux personnes tuées
Le gouvernement a donné sa version en soirée dans un communiqué : « Le 3 mai 2020, aux environs de 17h45 locales (16h45 GMT), le poste frontalier Niger-Nigeria de Diffa a été attaqué par des éléments de Boko Haram (les autorités font rarement la différence entre Iswap et Boko Haram) à bord de véhicules lourdement armés, on déplore malheureusement deux morts, trois blessés, des matériels calcinés ».
Des habitants de Diffa ont témoigné avoir entendu la violence des combats. « On a entendu le bruit des armes, surtout d’armes lourdes, de 16h30 jusqu’à 19h00 (15H30 à 18H00 GMT) du côté sud de la ville », a raconté Lawan Boukar, un résident de Diffa.
« Les assaillants étaient venus du côté nigérian, en fin d’après-midi, à l’approche de l’heure de la rupture du jeûne du ramadan et pensaient certainement prendre par surprise nos soldats », a avancé un autre habitant.
En 2015, d’intenses combats avaient opposé l’armée nigérienne aux jihadistes autour du pont de Doutchi, qui relie le Niger au Nigeria, au sud de Diffa. Ce check-point est également proche de Damasak, une localité nigériane située à 30 kilomètres au sud de Diffa.
Neutralisation de 50 jihadistes
Damasak avait été conquise en octobre 2014 par Boko Haram après de violents combats avec l’armée nigériane. Elle avait été reprise par les armées du Tchad et du Niger après d’âpres combats.- « Neutralisation » de 50 jihadistes -« Au cours de cette même journée » de dimanche, « aux environs de 13h00 locales, une autre colonne de dix véhicules ennemis en provenance de Tombon-Fulani, une localité située à 24 km au nord-est de Bosso (est du Niger) a été interceptée », selon le ministère de la Défense nigérien.
« Une action coordonnée entre les forces nigériennes et nigérianes, appuyées par les partenaires, a permis de suivre et d’agir contre cette colonne ennemie. Il en a résulté la neutralisation de 50 terroristes au niveau d’une localité nigériane située à 45 km au sud de Toumour (Niger) ».
Intensification de l’offensive
Ces attaques de dimanche interviennent après une offensive terrestre et aérienne en avril de l’armée tchadienne, qui a annoncé avoir chassé les jihadistes de son sol. Elle a affirmé avoir tué 1 000 jihadistes et perdu 52 hommes. Fin mars, le Niger avait annoncé avoir tué une « figure de proue » du groupe jihadiste Boko Haram, Ibrahim Fakoura, lors d’une opération dans les îles du lac Tchad (sud-est), repaire d’islamistes nigérians.
Fin avril, le ministre nigérien de la Défense Issoufou Katambé avait déclaré à l’AFP que des opérations militaires étaient toujours en cours dans la zone du lac Tchad. La région de Diffa abrite selon l’ONU 120 000 réfugiés nigérians et des milliers de déplacés, fuyant les exactions de Boko Haram depuis 2015.
Le conflit avec les jihadistes de Boko Haram et de l’Iswap a fait plus de 36 000 morts depuis 2009 dans le nord-est du Nigeria et près de 2 millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.
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