« Les Jango », conte transgressif de l’écrivain soudanais Abdelaziz Baraka Sakin

Avec « Les Jango », son deuxième roman traduit en français, l’écrivain soudanais, exilé en Autriche, livre un conte socio-politique fiévreux, porté par un admirable exercice de style.

L’écrivain soudanais Abdelaziz Baraka Sakin© Patrice Lenormand/Zulma Editions © Patrice Lenormand/Zulma Editions

L’écrivain soudanais Abdelaziz Baraka Sakin© Patrice Lenormand/Zulma Editions © Patrice Lenormand/Zulma Editions

KATIA TOURE_perso

Publié le 12 mai 2020 Lecture : 3 minutes.

C’est en 2009 qu’est initialement publié Les Jango, le cinquième roman de l’écrivain soudanais Abdelaziz Baraka Sakin – par une maison d’édition égyptienne. Auréolé du prix Tayeb Salih au Soudan la même année, le roman est aussitôt frappé d’interdiction et brûlé en place publique par les autorités ultra-rigoristes du pays.

Et pour cause… Sexe, pédophilie, homosexualité, intersexuation, alcool, tabac ou même questionnements autour de la croyance religieuse et du plaisir féminin s’y mêlent, avec, en toile de fond, une révolte populaire contre le régime en place (pas si fictif, en fin de compte). Autant dire que l’écrivain soudanais met les pieds dans le plat et ne se préoccupe point de la censure. En d’autres termes, il se fait tout naturellement le chantre de ce que doit être la littérature : une arme de transgression.

Mais ce n’est pas là le principal intérêt de cet éblouissant roman. Nous sommes à Al-Hilla, un village où l’on voit, entend, fantasme tant le passé que le présent. C’est là que deux amis de longue date échouent après avoir été renvoyés de leurs postes administratifs et avoir roulé leur bosse au gré de maintes déambulations depuis Gadaref.

Colporteur d’histoires

L’un est un aventurier un brin trop cavalier et l’autre, un introverti peu connaisseur des choses du monde. Ce dernier est le personnage principal, narrateur, colporteur des rumeurs et d’histoires en tous genres qui font battre le cœur de ce village où les « jango », ces ouvriers agricoles dépareillés, illuminés, ivrognes, fêtards, semeurs et cueilleurs de sésame, rythment les saisons, récolte après récolte : « Avec leurs ceintures en similicuir, on les prendrait presque pour des créatures étranges, n’était cet air de famille que leur silhouette partage avec les objets alentour, en particulier les bottes de sésame bien fagotées. »

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