Place au soleil

Après avoir doublé sa part du marché mondial, pour atteindre 6 %, le continent vise les 47 millions de visiteurs à l’horizon 2010. Reste à développer les recettes et les emplois.

Publié le 18 septembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Le monde du tourisme est en pleine euphorie. En dépit des turbulences comme les catastrophes naturelles, les accidents d’avions, les attentats terroristes ou les craintes d’épidémie, 2005 a comptabilisé 808 millions de voyageurs internationaux pour une recette approchant les 650 milliards de dollars. Si la croissance est conforme aux prévisions, de 4,4 % par an, le chiffre d’affaires dépasserait 1 000 milliards de dollars en 2016. Le secteur représentait un total de 234 millions d’emplois à la fin de l’année dernière. Il en crée environ 10 millions supplémentaires, directs et indirects, chaque année. En nombre d’arrivées, les poids lourds de ce secteur porteur sont la France, l’Espagne, les États-Unis et la Chine.
Quelle place pour l’Afrique dans ces statistiques mondiales ? Le continent part de loin, certes, mais, l’année dernière, il a enregistré la plus forte croissance : + 10 % (de 33,5 millions à 36,7 millions de touristes), et même + 13 % en Afrique subsaharienne (de 20,7 millions à 22,4 millions). L’année 2006 a bien commencé : le continent a progressé de 11 % entre janvier et avril, avec une croissance plus forte en Afrique subsaharienne (12 %), dopée par de très bons résultats au Kenya et aux Seychelles. Selon les chiffres de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le continent a doublé sa part du marché mondial, passant de 3 % en 1990 à 6 % en 2005. Il lui reste à développer la part des recettes (3 % seulement) et, surtout, la part des devises qui profitent aux économies locales. Avec 28 milliards de dollars de recettes totales, le chiffre d’affaires par touriste atteint à peine 600 dollars sur le continent, contre 800 dollars pour le visiteur qui séjourne en Europe.
Les chiffres optimistes de 2005 ne doivent pas masquer les grandes variations entre les pays. Ainsi, les leaders africains sont l’Égypte (8,6 millions de visiteurs), l’Afrique du Sud (7,6 millions), la Tunisie (6,4 millions), le Maroc (5,8 millions) et le Kenya, qui a délogé le Zimbabwe de la cinquième place. La Banque mondiale estime qu’une trentaine de pays subsahariens ont des industries touristiques naissantes ou florissantes (c’est-à-dire qui contribuent au minimum à 2 % du PIB et 5 % des exportations). Depuis les années 1980, le tourisme est devenu un moteur de l’économie dans de nombreux pays comme le Maroc, la Tunisie ou l’Égypte, et une source de diversification économique, comme à Maurice, où les secteurs du sucre et du textile sont fragilisés. « Là où le tourisme avance, la pauvreté recule », aime à dire Francesco Frangialli, secrétaire général de l’OMT. Source de revenus non négligeable, le développement du tourisme a un effet d’entraînement sur la production et l’emploi dans de nombreux domaines : biens d’équipement, transport, télécoms, services financiers et agroalimentaires
Le premier frein au développement de l’activité en Afrique reste le manque d’infrastructures. Le prestigieux label « Leading Hotels of the World », qui concerne quelque 400 établissements dans le monde, n’en retient qu’une vingtaine en Afrique, dont 8 pour la seule Afrique du Sud ! Autres problèmes : des obstacles à la compétitivité et à l’investissement, comme le coût élevé du transport aérien et des visas, l’insuffisance d’aménagement des sites, la précarité du système sanitaire. Mais la plus grande défaillance réside dans le déficit d’image. La question a été abordée en mai dernier à Bamako, au Mali, lors de la 44e réunion de l’OMT pour l’Afrique. L’écotourisme (qui vise à limiter l’impact du tourisme sur l’environnement et à favoriser le dialogue entre les cultures) ou le tourisme solidaire (qui intègre les communautés locales aux projets touristiques) font partie des solutions envisagées. Elles permettent de cibler des touristes aux revenus élevés pour leur proposer des circuits personnalisés où les marges sont plus fortes. Selon l’OMT, la part de l’écotourisme dans le chiffre d’affaires du tourisme mondiale croît de 10 % à 15 % par an, ce qui indique un changement des mentalités qui pourrait réussir à l’Afrique subsaharienne. L’OMT table sur 47 millions de visiteurs de l’Afrique en 2010 et 77 millions en 2020.

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