Moubarak fils sur orbite

Le congrès du parti au pouvoir pourrait ouvrir la voie à une transmission héréditaire de la présidence.

Publié le 18 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Ce n’est plus l’attitude – très critiquée par l’opposition – du président Hosni Moubarak lors de la dernière guerre du Liban qui cristallise le débat public en Égypte. Un autre sujet, de politique intérieure cette fois, focalise désormais l’attention de l’opinion publique : le 4e congrès du Parti national démocratique (PND, au pouvoir). Officiellement, les 2 500 participants aux assises prévues du 19 au 21 septembre au Caire devraient examiner la question des réformes constitutionnelles promises par le vieux raïs (78 ans) durant sa campagne pour la présidentielle de 2005 et faire le bilan de la première année de son cinquième mandat.
Mais, aux yeux de l’opposition et d’une partie de la presse, la grand-messe du PND risque fort d’être une phase décisive d’un autre agenda, moins avouable : la mise sur l’orbite de la succession de Gamal Moubarak, le fils du chef de l’État. Après avoir piloté le comité politique de cette formation qui domine la vie politique nationale depuis un quart de siècle, le rejeton présidentiel, 42 ans, a été promu, en janvier dernier, vice-président du PND. Son père va-t-il démissionner de la présidence du parti en sa faveur ? C’est, en tout cas, ce que prédisent nombre des commentateurs cairotes plus que jamais sûrs de la volonté du raïs de léguer la magistrature suprême à son fils.
Plusieurs indices sont venus dernièrement conforter les tenants de cette thèse. Pour la première fois, un dirigeant du PND – Hossam al-Bedraoui, interviewé le 27 août par le quotidien Al Wafd -, a déclaré que Gamal était l’un des candidats du parti à la succession du raïs. Et ce au moment même où l’intéressé venait de parachever sa mainmise sur l’appareil. « C’est Gamal qui a conçu tous les aspects de l’organisation du congrès », affirme-t-on au Caire. On cite notamment sa décision de traduire en anglais dépliants et brochures contenant les documents de base du parti. C’est lui également qui a dressé la liste des invités étrangers. Dans ce contexte, la présence annoncée de David Welch, ex-ambassadeur américain au Caire et actuel secrétaire d’État adjoint chargé du Proche-Orient, n’est pas anodine. Aux yeux de nombreux observateurs, elle révèle le souci du pouvoir de faire adouber le fils du raïs par Washington.
Du coup, les détracteurs du régime, des Frères musulmans, devenus, à l’issue des législatives de l’an denier, la première force d’opposition parlementaire, aux laïcs du mouvement Kefaya (« Ça suffit ! »), ont décidé de réagir. « Durant la tenue du congrès du PND, déclare un opposant, nous allons organiser des contre-manifestations pour montrer à la face du monde notre rejet de tout schéma de succession contraire aux traditions de l’Égypte républicaine. »

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