Milliardaires au grand cur
Publié le 18 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.
Pour lui, c’est un petit geste qui ne changera pas son train de vie. Pour eux, c’est la promesse d’une amélioration substantielle du quotidien. Le 13 septembre, l’Américain George Soros, l’homme qui, en 1992, bâtit sa fortune sur la dévaluation de la livre sterling (à laquelle il avait lui-même participé), annonce son intention de donner 50 millions de dollars aux « villages du millénaire », l’ambitieux programme d’un autre spécialiste des marchés, reconverti en bienfaiteur de la planète, Jeffrey Sachs. Le conseiller de Kofi Annan pour les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) voit ainsi son initiative – qui concerne dix pays du continent* – prendre une tout autre ampleur.
Avant le don de George Soros – 55e au classement des fortunes mondiales du magazine Forbes -, les « villages du millénaire » étaient au nombre de 79. Chacun d’entre eux – 395 000 habitants en tout, à raison de 5 000 habitants en moyenne par village – bénéficie simultanément, pendant cinq ans, de projets éducatifs, sanitaires et agricoles. Objectif : apporter la preuve qu’il est possible d’éradiquer la pauvreté. C’est, en langage technocratique, le « développement intégré ». Dans chaque village, l’investissement s’élève à 1,5 million de dollars. Mathématiquement, après le don de Soros, ce sont donc 33 villages supplémentaires, soit 165 000 habitants, qui vont bénéficier de la « potion » du docteur Sachs.
Soros n’est pas le seul milliardaire philanthrope. Un autre roi Midas, Warren Buffett -, passé maître dans l’art de transformer des entreprises sous-évaluées en machines à cash -, annonçait, en juin, son intention de consacrer 85 % de sa fortune – 44 milliards de dollars – à cinq uvres caritatives. Le 12 septembre, les fondations Bill et Melinda Gates et Rockefeller décidaient d’investir ensemble 150 millions de dollars – respectivement 100 millions et 50 millions – pour « lancer une révolution verte en Afrique ». De riches hommes d’affaires du Nord qui, une fois l’âge de la sagesse venu et la fortune bien constituée, vident leur bas de laine au Sud et mettent à cette redistribution le même soin qu’ils ont mis à bâtir leur patrimoine : peut-être feront-ils des émules.
* Ethiopie, Ghana, Kenya, Malawi, Mali, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Tanzanie et Ouganda.
