Au Mali, une meilleure couverture aérienne mettrait-elle fin aux massacres dans le Centre ?
Dans la région de Mopti, les attaques aux engins explosifs improvisés sont fréquentes. Mais le manque de moyens aériens handicape la surveillance de ce territoire vaste aux routes peu praticables, où les interventions et les évacuations de blessés se révèlent très compliquées.
Déployée au Mali depuis 2013, la mission des Nations unies dispose-t-elle de moyens aériens suffisants ? La réponse est non, si l’on en croit une enquête du Centre pour les civils en conflit (Civic) publiée au début de mai. Ses auteurs en veulent pour preuve le casse-tête organisationnel qu’aura été la tournée du Premier ministre, Boubou Cissé, dans plusieurs cercles de la région de Mopti, en août 2019.
Depuis 2015, la zone est minée par les violences jihadistes et les conflits intercommunautaires. Bamako a donc logiquement sollicité l’aide de la Minusma pour y acheminer par les airs la délégation gouvernementale. Mais, à la veille du départ, la mission a été avertie que le nombre de personnes à transporter passait d’une trentaine à quarante. Elle a donc dû faire venir un hélicoptère qui devait initialement appuyer une patrouille déployée loin de la base de Sévaré. Autrement dit, pendant douze heures (le temps qu’un autre hélicoptère soit envoyé depuis Tombouctou), le Centre s’est retrouvé sans aucun moyen d’évacuation aérienne des blessés.
Cet épisode, décrypté par le Civic, met en lumière le manque d’hélicoptères, d’appareils de surveillance et de reconnaissance de la Minusma, surtout dans le centre du pays. La région, qui est régulièrement le théâtre d’exactions et de massacres de civils, fait pourtant officiellement partie, depuis juin 2019, des « priorités stratégiques » de la mission onusienne (près de 200 personnes ont été tuées dans le seul village d’Ogossagou entre mars 2019 et février 2020).
Environnement complexifié
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