La Tunisie veut rattraper son retard en Afrique subsaharienne
La 2e édition du Forum de Tunis, qui se tient les 5 et 6 juin au palais des congrès de la capitale tunisienne, porte un message clair : le pays veut désormais compter en Afrique subsaharienne. Malgré son retard, la Tunisie a une carte à jouer.
La Tunisie n’est pas sourde à l’éveil de l’Afrique subsaharienne, ni aveugle aux opportunités de croissance qu’elle offre aux pays occidentaux et émergents, de même qu’à ses voisins du nord. Sur ce vaste marché subsaharien, qui compte un milliard d’habitants et qui connaît une croissance d’environ 5% par an depuis une décennie, les champions économiques marocains notamment se déploient à toute vitesse. La Tunisie, quant à elle, a pris du retard mais dispose d’une carte à jouer. Et il est temps de mettre un terme à cette apathie.
Tunis semble désormais prêt à « renouer avec ses sources », selon le président Moncef Marzouki.
Intégration
C’est, dans les grandes lignes, le message qui sous-tend la 2e édition du Forum de Tunis, qui se tient les 5 et 6 juin au palais des congrès de la capitale tunisienne. Manifestation à vocation internationale, organisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), l’évènement rassemble prés de 1000 participants venus d’une trentaine de pays pour débattre de l’avenir de la coopération tuniso-africaine, sous le thème » la Tunisie et l’Afrique : pour une stratégie d’intégration durable ».
S’exprimant en ouverture du forum, le président tunisien, Moncef Marzouki, a insisté sur l’appartenance de son pays à « l’espace africain ». S’il s’est réjoui de la réussite de l’ouverture du pays sur la région euro-méditerranée et l’aire arabo-musulmane, le chef de l’État tunisien a regretté que cette réussite se soit faite au prix d’une négligence du sous-continent. Tunis semble désormais prêt à « renouer avec ses sources », selon Moncef Marzouki, qui a annoncé la mise en oeuvre prochaine de mesures visant à faciliter la délivrance de visas pour les subsahariens et une plus grande présence diplomatique de la Tunisie dans la région et des pays africains à Tunis.
Secteur privé
S’exprimant au non de l’IACE, dont il est le président, Ahmed Bouzguenda s’est penché sur la « perception erronée » que peuvent avoir les entrepreneurs tunisiens du sous-continent, estimant pour sa part que « les pays africains sont sur la voie de la réussite et la Tunisie a beaucoup à apprendre d’eux ».
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Même écho chez Mohamed Bridaa, directeur général de Microsoft Tunisie, qui s’est toutefois réjouit du fait que « l’ignorance du continent africain, source de peurs et de préjugés », est en train de céder la place à un véritable désir de « partenariat dans le respect mutuel et non dans une logique opportuniste car les deux parties ont beaucoup à s’offrir mutuellement ».
Dans son allocution, Ahmed Bouzguenda a plaidé pour la mise en place d’une « Stratégie Tunisie Afrique renouvelée » (STAR), un cadre de coopération basé sur un partenariat durable et équitable en termes de développement humain, commercial, logistique et institutionnel. Il a également appelé à la création de deux chambres de commerces, chargées respectivement des relations Tunisie-Afrique de l’Ouest et Tunisie-Afrique de l’Est.
Pour les investisseurs tunisiens à l’instar du holding Poulina et des groupes comme Studi ou Comete Engineering, présents au forum, un premier pas dans la bonne direction pourrait être une présence accrue de banques et de fonds d’investissements tunisiens en Afrique subsahrienne, leur absence constituant un frein considérable à leur développement. Un appui de l’État, à l’image de la diplomatie économique mise en place par le Maroc au sud du Sahara, ne serait pas négligeable.
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