Blair et Sarkozy

Publié le 18 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

C’est à la fois anecdotique et significatif : dans la semaine où il célébrait le cinquième anniversaire de l’acte de guerre du 11 septembre 2001 qui a marqué sa présidence et par lequel Oussama Ben Laden l’a installé pour huit ans au pouvoir, George W. Bush perdait un allié inconditionnel et en gagnait un autre.
Il a perdu Tony Blair, qui occupe encore pour quelques mois seulement le fauteuil de Premier ministre du Royaume-Uni, et qui n’en a déjà plus l’essentiel des attributions. Et il a, simultanément, gagné un aspirant au pouvoir, Nicolas Sarkozy, qu’il a reçu à la Maison Blanche et qui en est sorti la bouche pleine de louanges pour les États-Unis et Israël.

Admirer les États-Unis et Israël, le proclamer par sincérité ou intérêt électoral n’est pas critiquable, en tout cas pas à mes yeux. Mais, en vérité, ce sont des caricatures de l’Amérique et de l’État hébreu, personnifiées respectivement par George W. Bush et Bibi Netanyahou, que Sarkozy aime et glorifie. Il fait d’ailleurs preuve de cohérence et confirme son ancrage populiste à la droite de la droite : n’est-il pas en France l’héritier de Pasqua ? Ne chasse-t-il pas sur les plates-bandes de Jean-Marie Le Pen et de Philippe de Villiers ? La « rupture », dont il parle beaucoup, n’est-elle pas surtout, et malgré quelques apparences, un virage à droite ?

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Dans sa course effrénée et, d’une certaine manière, obsessionnelle à la succession de Jacques Chirac, qu’il a dépossédé de son parti, le très intelligent et très ambitieux Nicolas Sarkozy a voulu ignorer le fait que George W. Bush ne porte pas bonheur aux hommes politiques étrangers qui se rallient à lui, lui font acte d’allégeance et, bravant leur opinion publique, soutiennent sans nuance ses équipées guerrières. L’un après l’autre, ils ont perdu le pouvoir et, telles des pierres noires, ont jalonné le chemin cahoteux du maître de la Maison Blanche : José María Aznar, Silvio Berlusconi, Ariel Sharon et, maintenant, Tony Blair.
Il est vrai que leur émule, Nicolas Sarkozy, en est encore à tenter d’accéder au pouvoir suprême. Je crains pour lui que le patronage de George W. Bush ne lui soit pas bénéfique.

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