Voyage en Lémurie

Une faune et une flore variées, des plages paradisiaques bordées de récifs coralliens la Grande Île ne manque pas d’atouts. Mais les infrastructures restent insuffisantes pour accueillir un nombre croissant de visiteurs.

Publié le 18 juillet 2005 Lecture : 4 minutes.

Dotée d’un territoire vaste comme celui de la France et du Benelux réunis, habitée d’une faune endémique qui mérite à elle seule le voyage, la Grande Île peut se targuer d’avoir été particulièrement gâtée par la nature. C’est ce patrimoine hors du commun que les professionnels du tourisme veulent aujourd’hui promouvoir pour développer leurs activités. Des opérations de communication ciblées ont été réalisées en Europe à l’initiative du Groupement des opérateurs du tourisme de Madagascar (GoTo Madagascar), et le film d’animation réalisé par les studios DreamWorks devrait contribuer à la notoriété du pays.
Depuis la crise politique de 2002, la fréquentation touristique a repris une progression ascendante. Ainsi, on estime qu’au cours de l’année 2004 près de 200 000 visiteurs se sont rendus à Madagascar. Ce qui ne signifie pas que tous soient venus y faire du tourisme. Toutefois, le taux de fréquentation des infrastructures dédiées au tourisme augmente régulièrement et devrait bientôt dépasser les records enregistrés avant la crise. « Notre taux de croissance est actuellement le plus fort des pays africains de l’océan Indien, explique Sonja Ranarivelo, la présidente de GoTo Madagascar. Nous avons été épargnés par le sras [syndrome respiratoire aigu sévère], par le tsunami de décembre 2004 et par le terrorisme islamiste. C’est pourquoi cette tendance devrait se confirmer au cours des années à venir. »
Créée après les événements de 2002, cette association regroupe des professionnels du tourisme (hôteliers, restaurateurs, transporteurs aériens, tour-opérateurs, agents de voyages, etc.) qui souhaitent développer le secteur tout en améliorant la qualité des prestations. Un impératif pour atteindre les objectifs que se sont fixés les autorités : elles veulent accueillir 500 000 touristes en 2007 et même 700 000 à l’horizon 2010 (soit autant que l’île Maurice aujourd’hui), et tablent sur une croissance annuelle de 40 % des recettes générées par le tourisme. Des objectifs pour le moins ambitieux. Mais les professionnels restent dubitatifs quant à la capacité de la Grande Île à absorber à court terme cette nouvelle clientèle.
« Il est possible qu’un nombre croissant de personnes veuillent découvrir cette destination dans les mois à venir, poursuit Sonja Ranarivelo. Mais il n’est pas certain que nous puissions faire face à l’augmentation de la demande. » En matière de transport, Air Madagascar et Air France se partagent l’essentiel du trafic long-courrier avec l’Europe. Avec la compagnie Corsair, qui affrète deux vols hebdomadaires en juillet et août et un seul le reste de l’année, on compte une dizaine de vols Paris-Antananarivo par semaine, ce qui est assez peu. Alors que l’offre aérienne reste limitée, le prix du billet demeure élevé. Toutefois, Air Madagascar fait des efforts de manière épisodique. Au cours du mois de mai, le transporteur a proposé un produit promotionnel sur ses vols Paris-Tana avec un billet offert pour chaque billet acheté : l’offre a remporté un certain succès.
Principal opérateur du réseau intérieur, la compagnie propose environ 500 000 sièges au trafic domestique. Mais, là encore, la demande serait supérieure à l’offre d’environ 15 %.
Autre goulet d’étranglement, l’hébergement. Le nombre d’infrastructures de standing international reste réduit. Selon une enquête menée en 2003 par le ministère du Tourisme, la capacité d’accueil de Madagascar est évaluée à quelque 9 000 chambres réparties sur 750 établissements hôteliers (dont le tiers est situé dans la capitale). Toutefois, cette situation pourrait bien évoluer rapidement puisque des opérateurs étrangers semblent vouloir investir sur la Grande Île. Après le groupe sud-africain Legacy Hotels & Resorts, qui annonce l’ouverture d’un hôtel de classe internationale de 120 chambres dans la capitale, le groupe français Accor pourrait bien prendre prochainement position. Son projet d’origine prévoit la construction de quatre à cinq établissements dans la capitale et en province, notamment Tamatave et Majunga. À Antananarivo, le groupe envisage aussi la construction d’un Novotel. Quant au groupe Colbert, propriétaire de l’hôtel du même nom à Tana, il vient d’ouvrir un établissement haut de gamme à Diego-Suarez, dans le nord du pays.
Bref, Madagascar suscite un certain intérêt, mais il faudra encore du temps avant que les équipements permettent de recevoir des visiteurs en plus grand nombre. À l’heure actuelle, les principaux produits touristiques malgaches affichent presque complet. Le best-seller du moment – le circuit qui suit la route nationale 7 de Tana à Tuléar via la ville thermale d’Antsirabé et le massif de l’Isalo – connaît un succès croissant. Autres destinations, les parcs naturels et aires protégées, où l’on peut approcher les fameux lémuriens : de la réserve d’Andasibé au parc de la montagne d’Ambre (près de Diego-Suarez) en passant par la réserve de Berenty (près de Fort-Dauphin), les mystérieux primates attirent des curieux des quatre coins du monde. Enfin, les sites balnéaires et leurs chapelets de plages paradisiaques, bordées de récifs coralliens. Dans cette catégorie, l’archipel de Nosy-Be détient la palme des destinations de la Grande Île, surtout depuis l’ouverture du Vanta Club, doté d’une capacité de 220 chambres. Plus discrète, l’île de Sainte-Marie, située sur la côte orientale, est également très prisée des amis des cétacés. Chaque année en juillet-août, plusieurs centaines de personnes viennent observer le ballet des baleines à bosse qui remontent de l’Antarctique pour venir mettre bas dans les eaux tièdes de l’océan Indien. Là encore, l’île affiche très vite complet. Et pourtant, le spectacle est inoubliable, et le frisson garanti…

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