Sprint final

À quelques jours du sixième tour de l’élection du président de l’institution, les deux finalistes croient dur comme fer à leurs chances. Qui l’emportera ?

Publié le 18 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

L’élection du président de la Banque africaine de développement (BAD) aura coûté beaucoup d’argent aux sept pays ayant présenté un candidat. Pour la première campagne (février-mai), certains n’ont pas lésiné sur les dépenses de transport (avion de ligne ou avion spécial), les frais d’hôtel et de réception. Les candidats et leurs délégations ministérielles ont sillonné les quatre continents où résident les soixante-dix-sept actionnaires de la Banque : Afrique (53 pays), Asie, Europe et Amérique du Nord (24 pays). Les chefs d’État se sont téléphoné ou se sont rencontrés. À l’issue de l’élection du 18 mai, cinq candidats ont été éliminés : Ismaïl Hassan (Égypte, par forfait), Theodore Nkodo (Cameroun, au premier tour), Kingsley Y. Amoako (Ghana, au deuxième), Simba Makoni (Zimbabwe, au troisième) et Casimir Oyé Mba (Gabon, au quatrième).
Les deux hommes restés en lice, Donald Kaberuka (Rwanda) et Olabisi Ogunjobi (Nigeria), n’ont pas réussi à obtenir la double majorité requise (voir infographies) à l’issue du cinquième tour. Dans la nuit du 18 au 19 mai, les actionnaires de la Banque se sont concertés pour trouver une issue. En vain : aucun des deux candidats n’a voulu se retirer, chacun croyant dur comme fer à ses chances. Mais les actionnaires ne les ont pas suivis : ils ont refusé d’organiser un sixième tour dans la matinée du 19 mai et différé celui-ci aux 21 et 22 juillet, à Tunis. C’est donc bien d’un – dernier ? – tour de scrutin qu’il s’agit, non d’une nouvelle élection. Une précision qui s’impose, car certains parmi les candidats éliminés ont espéré se repositionner.
Autre question tranchée par le service juridique de la Banque après le cinquième tour : le candidat arrivé en dernière position ne sera pas éliminé comme aux tours précédents. Ogunjobi demeure donc en lice pour le sixième tour, et les tours suivants si le scrutin est appelé à se poursuivre…
Au bout de la deuxième campagne, qui aura duré deux mois et coûté également beaucoup d’argent, les deux candidats ont misé sur leurs atouts respectifs : une nouvelle dynamique pour Donald Kaberuka, qui n’est pas peu fier de son bilan à la tête du ministère rwandais des Finances (1997-2005), et la continuité pour son rival nigérian, fonctionnaire de la BAD depuis 1978 et également fort des réformes entreprises au sein de l’institution depuis 1995 (il a été promu vice-président en 2002). Chacun croit avoir consolidé les votes acquis au cinquième tour et retourné quelques pays en sa faveur. En leur âme et conscience, les gouverneurs de la Banque devront voter pour le candidat qui leur semble le plus compétent. Car le temps des présidents « politiques » est révolu. Sous le règne du Marocain Omar Kabbaj, la BAD a acquis une notoriété internationale qui lui permet de mobiliser aisément de nouvelles ressources financières au profit du continent. Elle a appris à gérer son portefeuille et son personnel dans la plus grande transparence et avec le plus grand professionnalisme. À Tunis, les actionnaires devront trancher. Et éviter que la Banque ne retombe dans l’incertitude avec, en cas d’impasse, un président intérimaire.

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