Ravalomanana, PDG de la République

Publié le 18 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Marc Ravalomanana le répète à l’envi : « J’entends gérer mon pays comme une entreprise. » Et pour relancer l’économie, le président compte sur le secteur privé. Originaire de l’Imerina, région de hauts plateaux située dans le centre du pays, ce capitaine d’industrie de 55 ans est un self-made man. Protestant pratiquant, chef d’Église et chef d’entreprise, il avait tous les atouts pour accéder à la magistrature suprême. Populaire voire populiste, opiniâtre et pressé, il s’est fait le promoteur d’un développement « durable et rapide », et ne jure que par le modèle anglo-saxon.
Si l’hagiographie du marchand de yaourts devenu président est une véritable légende pour le peuple de Tana, Ravalomanana affiche un appétit certain pour les affaires. Depuis quelques années, le groupe Tiko, dont il est propriétaire, est devenu omnipotent. Après les produits laitiers, ses activités se sont diversifiées dans l’agroalimentaire et la grande distribution à travers l’entreprise Magro. Plus récemment, le boss s’est taillé un costume de tycoon : il a notamment créé la société MBS (Malagasy Broadcasting System), groupe audiovisuel détenant une chaîne de télévision et des stations radio. Parallèlement, il est propriétaire de l’imprimerie Blueprint et du journal Le Quotidien. Enfin, le groupe dispose de deux sociétés, Alma et CCM (Compagnie de construction malgache), actives dans le domaine du bâtiment et des travaux publics. C’est d’ailleurs ce volet de ses activités qui fait couler le plus d’encre. Alors que les chantiers routiers se multiplient, l’opposition l’accuse de privilégier ses sociétés dans l’attribution des marchés.
Pour les observateurs les plus neutres, en revanche, « Ravalomanana ne cherche pas à servir ses intérêts. Il veut seulement travailler avec les gens qu’il connaît et à qui il pense pouvoir faire confiance. C’est pourquoi plusieurs ministres, élus ou hauts fonctionnaires, sont issus du groupe Tiko. » Décrit comme impulsif et « réfractaire aux conseils de son entourage », cet homme d’affaires dans l’âme a la réputation d’être expéditif, n’hésitant pas à congédier sans délai certains de ses proches – à l’instar de Zaza Ramandimbiarison, vice-Premier ministre, limogé le 17 mars dernier sans explication. Mais si certains de ses interlocuteurs soulignent son manque de connaissances politiques et administratives, ils reconnaissent la bonne foi de son engagement : « Le chef de l’État a déjà prouvé qu’il n’était pas Berlusconi. Et il sait qu’il est trop tard pour être Bonaparte. »

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