Non aux terrorismes !

Publié le 18 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Lorsque les Américains ont décidé d’envahir l’Irak, sans l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU, des voix de protestation se sont élevées partout en Occident : celles de responsables politiques, de leaders d’opinion, d’intellectuels et de stars du show-biz. Il y eut aussi des manifestations massives dans les pays dont les troupes étaient sur le point de se lancer dans cette fâcheuse expédition.
Il est tout de même surprenant qu’après les attentats de Londres, comme, auparavant, ceux de New York, Bali, Istanbul, Marrakech et Madrid, pour ne citer que les plus meurtriers, les manifestations contre le terrorisme et de compassion avec ses victimes ont été plutôt rares dans les pays musulmans. Cela est incompréhensible, voire scandaleux. Serions-nous devenus blasés, anesthésiés, lénifiés ? Aurions-nous perdu la faculté de compatir aux malheurs des autres, qui sont aussi, d’une certaine façon, les nôtres ? « Les protestations contre l’occupation de l’Irak, drame dont ne cessent de s’émouvoir les opinions musulmanes, n’ont pas été nombreuses non plus », me rétorquera-t-on. Cela aussi est incompréhensible et scandaleux.
Mais un manquement ne saurait en justifier un autre. D’autant qu’avec l’attentat de Londres, une nouvelle limite a été franchie. Et si nous ne mettons pas fin à cette escalade de la violence aveugle, nous nous acheminerons tous, Occidentaux et Orientaux, Européens, Américains et Arabes, musulmans, juifs et chrétiens, riches et pauvres, vers un monde d’horreur absolue.
Imaginons un instant l’avènement de groupes extrémistes, en Europe et en Amérique, qui se donneraient pour mission rédemptrice de s’en prendre aux musulmans résidant dans leurs pays respectifs et qui répondraient à tout attentat commis en Europe et en Amérique par des extrémistes musulmans. Où irions-nous ? Le scénario doit être envisagé, ne fût-ce que comme une hypothèse de travail, pour nous sortir de notre incompréhensible léthargie, de manière à nous prémunir contre pareils dangers, même s’ils sont, pour l’instant, purement théoriques.
Théoriques ? Pas vraiment si l’on y regarde de plus près. Car qui aurait pensé que des créatures malfaisantes comme Oussama Ben Laden, Aymen al-Zawahiri et autres Abou Moussab al-Zarqaoui, pour ne citer que les « stars » de l’internationale djihadiste, pussent naître parmi nous, se nourrir de nos carences et de nos fourvoiements, trouver dans nos pays un terreau fertile pour pousser comme des herbes folles ? Ne sont-ils pas aujourd’hui l’incarnation – certes excessive, inhumaine et démoniaque – de nos erreurs, de notre faillite intellectuelle et morale ? Dire non au terrorisme n’est-il donc pas, pour nous autres musulmans, une tache urgente, un acte salvateur, un début de réveil d’une conscience morale et historique endormie par des siècles de décadence, de despotisme et de frustration ?
Dire non au terrorisme islamiste ne nous interdit pas pour autant de dénoncer « tous » les autres terrorismes : notamment celui d’État, pratiqué sans états d’âme par Sharon, Bush et autres fauteurs de guerres… de civilisations.

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