Naturellement !

Publié le 18 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Madagascar n’a pas de pétrole. Ni aucune autre matière première susceptible de l’enrichir à brève échéance. Vu sa situation géographique excentrée, la Grande Île n’a pas non plus l’espoir de jouer un rôle diplomatique majeur qui lui permette de se faire entendre dans le concert des nations. Alors, sur quel atout le pays pourrait-il miser pour mobiliser les ressources nécessaires à son développement ?
Île-continent vaste de 587 000 kilomètres carrés, Madagascar héberge une exceptionnelle biodiversité. Isolé du monde pendant quatre-vingts millions d’années et colonisé par l’homme il y a seulement deux mille ans, cet éden sans équivalent dispose d’une faune et d’une flore à couper le souffle. Bien sûr, nombre d’espèces endémiques ont déjà disparu, victimes de la chasse ou des feux de forêt. Et l’époque où l’on pouvait croiser des autruches géantes (aepyornis) ou des lémuriens grands comme des gorilles est bel et bien révolue. Mais les divers écosystèmes malgaches revêtent encore une originalité que peu de gens connaissent.
Le dernier film d’animation produit par le studio américain DreamWorks, le maître du genre, contribuera sans doute à la notoriété du bestiaire insulaire. Les autorités malgaches comptent bien sur ce long-métrage pour populariser l’image de leur île. D’ailleurs, dans les salles obscures de New York ou de Paris, Madagascar a surpassé depuis longtemps le dernier épisode de La Guerre des étoiles au box-office. Mais au-delà des images de synthèse, la biodiversité malgache compte d’ardents défenseurs qui pensent que les lémuriens, les caméléons et les orchidées constituent un patrimoine qu’il convient à la fois de protéger et de valoriser.

Ainsi, sur l’île de Sainte-Marie, des centaines de personnes convergent chaque année en juillet pour observer le ballet des baleines à bosse. À travers l’association Megaptera, ces amoureux de la nature sont désormais nombreux à militer pour la défense des cétacés, s’opposant inlassablement aux pays qui réclament, chaque année, la réouverture de la chasse commerciale auprès de la Commission baleinière internationale. Tout en développant un tourisme écologique qui assure à la fois un revenu à la population locale et la tranquillité nécessaire aux ébats amoureux de ces mammifères marins.
Sur la terre ferme, de nombreuses ONG s’activent à travers le pays. Parmi elles, Conservation International s’implique dans l’initiative « Madagascar naturellement ! », qui a pour but de tripler la superficie des aires protégées. Fixé par le chef de l’État Marc Ravalomanana, lors du congrès mondial sur les parcs nationaux à Durban en septembre 2003, l’objectif de consacrer 10 % du territoire national à la protection de la nature n’a rien d’un voeu pieux. Sur cette terre partiellement vierge, où tant d’espèces animales et végétales restent à découvrir, il s’agit moins de créer des sanctuaires que de faire de la nature un spectacle qui soit source de revenus pour la population tout en garantissant la pérennité des espèces représentées. Madagascar est dépositaire d’un superbe échantillon du patrimoine de l’humanité. À charge pour elle d’en prendre soin. Et d’en tirer parti.

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