Tunisie : Chedli Klibi, ancien ministre de Bourguiba, tire sa révérence

Ministre sous Bourguiba pendant près de vingt ans et ex-secrétaire général de la Ligue arabe, Chedli Klibi s’est éteint ce 13 mai à son domicile, à Carthage.

Portrait de Chedli Klibi, à Tunis, en 1984. Portrait du secr√©taire g√©n√©ral de la Ligue Arabe Chedli Klibi lors d’un conseil des ministres arabes le 20 mai 1984 √† Tunis, Tunisie. (Photo by CHIP HIRES/Gamma-Rapho via Getty Images)

Portrait de Chedli Klibi, à Tunis, en 1984. Portrait du secr√©taire g√©n√©ral de la Ligue Arabe Chedli Klibi lors d’un conseil des ministres arabes le 20 mai 1984 √† Tunis, Tunisie. (Photo by CHIP HIRES/Gamma-Rapho via Getty Images)

Publié le 13 mai 2020 Lecture : 2 minutes.

Dans la matinée de ce 13 mai à Carthage, l’ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Chedli Klibi, s’est éteint à 94 ans, aussi discrètement qu’il à vécu. Grand commis de l’État, il a notamment été pendant près de deux décennies ministre de Habib Bourguiba, contribuant largement à donner à la culture la place incontournable qu’elle occupe aujourd’hui.

Fin lettré, agrégé d’arabe, qui a clos son parcours académique à la Sorbonne à Paris, Chedli Klibi avait fait ses premiers pas dans la vie publique dans le sillage de Bourguiba, en prenant la direction de la radio nationale. Il intègre ainsi le contingent des bâtisseurs de la Tunisie indépendante.

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C’est aux Affaires culturelles, ministère à peine créé, qu’il montrera tout son savoir-faire pour impulser les nouvelles politiques publiques. Par trois fois, de 1961 à 1978, il aura en charge ce portefeuille. « Il ne fermait sa porte à personne, discutait volontiers aussi bien avec l’homme de lettres Habib Boularès, qu’avec les jeunes de la troupe du Nouveau théâtre », se souvient l’une de ses collaboratrices.

Modernité

Grâce à ce sens inné de l’écoute, sa grande ouverture d’esprit et son immense culture, il a su inscrire la culture en Tunisie dans la modernité. Les scènes des festivals de Carthage ou d’Hammamet ont drainé sous son impulsion les plus grands artistes des années 1960. Il est également l’architecte des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), au fort tropisme africain. Lectures publiques, bibliothèques locales, troupes de théâtre régionales, création de musées, conservation du patrimoine… Il a été derrière toutes les décisions importante qui ont fait de ces années là un âge d’or de la culture – du moins celle de l’État. Maire de Carthage pendant plus de 25 ans, il a fait, de 1974 à 1976, un passage à la présidence en tant que directeur de cabinet, avant de prendre la tête du ministère de l’Information.

À la Ligue arabe, il fera montre de talents de diplomate hors pair

Désigné au secrétariat général de la Ligue arabe lorsque l’organisation quitte le Caire pour Tunis, il entame, à partir de 1979, une seconde carrière où il fera montre de talents de diplomate hors pair. Il consolide alors ses relations internationales et restructure la Ligue. Au point que les Palestiniens n’oublieront jamais son soutien. Le président Mahmoud Abbas le qualifiera  de « véritable école et grande référence, illustre disciple de Bourguiba », en lui remettant, 25 ans plus tard, le Grand cordon de la Palestine. Les tumultes au sein de la Ligue arabe et ses désaccords avec Lakhdar Brahimi, dont il prend ombrage, ne l’ont pas empêché de raffermir les liens entre les pays arabes et avec l’Union européenne. 

BIO-SADDAM-HUSSEIN-ARAB-SUMMIT © Chedli Klibi, aux côtés de Saddam Hussein, en 1990 lors d’un sommet de la Ligue arabe. Archives / AFP

BIO-SADDAM-HUSSEIN-ARAB-SUMMIT © Chedli Klibi, aux côtés de Saddam Hussein, en 1990 lors d’un sommet de la Ligue arabe. Archives / AFP

Mais l’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990 aura raison de la patience de cet homme réfléchi qui avait, quelques mois plus tôt, « développé tout un plaidoyer pour empêcher l’ex-président irakien de bombarder Tel Aviv », selon Mohamed Bennour, qui l’avait côtoyé à la Ligue arabe. Chedli Klibi claque alors la porte et se met en retrait de la vie politique. Il reviendra aux affaires en tant que membre de la Chambre des conseillers en 2005, avant de quitter le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) en 2011.  Il consacre alors son temps à l’écriture et publie Habib Bourguiba : radioscopie d’un règne (éd. Démeter, 2012) et livre régulièrement ses analyses, sous forme de chroniques ou de témoignages, dans les colonnes de Leaders.  

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