Internet : comment les telcos africains ripostent à l’explosion du trafic
Télétravail, divertissements… Les compagnies télécoms africaines sortent les grands moyens face à l’augmentation massive des usages de la data.
Télécoms : 2020, l’année qui a tout changé en Afrique
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Contrairement aux réseaux routiers, ferroviaires ou maritimes, le réseau internet n’aura pas été délaissé durant la pandémie liée au nouveau coronavirus. Loin s’en faut, puisque le travail et les cours à distance, tout comme la consommation de divertissements en ligne, ont fait exploser le trafic ces derniers mois, selon les opérateurs africains.
Une hausse constatée sur tout le continent
Maroc Telecom a par exemple constaté une hausse de l’ordre de 25 à 30 % de la consommation d’internet que l’opérateur chérifien a amorti en augmentant de 20 % sa capacité sur les câbles internationaux SeaMeWe-3, Estepona-Tétouan et Atlas Offshore.
Plus au Sud, au Sénégal, Mamadou Mbengue, directeur général de l’opérateur Free (repreneur de Tigo en 2018), confie avoir constaté une « explosion » du trafic sur l’internet mobile de 20 %. Cette demande soudaine en bande passante a poussé l’opérateur à accroître la capacité louée à l’espagnol Telefónica et au dubaïote Dolphin sur le câble sous-marin international ACE.
Muscler les effectifs dédiés au réseau
Ce flux hors du commun doit être contrôlé par des équipes sur le pont vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Pour la gestion technique du réseau, il doit forcément y avoir des collaborateurs au bureau. Comme d’habitude, les équipes fonctionnent en rotation, mais pour cette période particulière, nous avons exceptionnellement augmenté les effectifs de 20 % en transférant certaines compétences, comme des profils informatiques, vers des équipes terrain », explique le dirigeant sénégalais. Au Sénégal, Free emploie 400 personnes à temps plein.
La consommation en data mobile a bondi de 30 % en RDC et de 22 % au Ghana
Objectif, muscler les stations de base – ou antennes télécoms – en ajoutant de nouveaux processeurs et en boostant la capacité des transmetteurs chargés de faire le lien entre la station et le réseau. Pour ce faire, Free a dû négocier auprès des autorités sénégalaises afin d’obtenir des autorisations de circuler pour ses techniciens et ses prestataires.
Annuler des projets, réallouer des budgets
L’opérateur panafricain Vodacom, qui compte 4 100 collaborateurs et consultants, n’a pas fait autrement pour amortir une inflation du trafic internet sur mobile comprise entre 15 et 40 % selon ses marchés. « En RDC, la consommation en data mobile a crû de 30 %, tandis qu’au Ghana, cette croissance a atteint 22 % », explique à Jeune Afrique, Andries Delport, directeur de la technologie de Vodacom.
L’opérateur contrôlé à plus de 60 % par le britannique Vodafone s’est réorganisé afin de faire face à la hausse du trafic. « Nous avons transféré une partie de nos budgets alloués initialement à des projets comme le développement de logiciels, la conception de nouveaux produits et services ou à la gestion de nos magasins pour les transférer vers des dépenses dédiées à la gestion du réseau en période de confinement », explique le dirigeant de Vodacom.
En Afrique du Sud des accords temporaires d’élargissement de spectre ont été conclus pour de la 4G et de la 5G
Au total, le groupe, qui constate un retour à la normale en Afrique du Sud depuis la levée du confinement le 1er mai, estime avoir ainsi réalloué « environ 400 millions de rands » (environ 20 millions d’euros) pour faire face à cette période particulière.
Négocier avec les plateformes et les gouvernements
Outre les aménagement internes propres à leur physionomie, les opérateurs de télécommunications africains ont – tout comme leurs homologues d’autres continents – participé aux discussions menées auprès des plateformes les plus gourmandes en bande passante comme Netflix (+66 % en consommation de bande passante en avril en Afrique du Sud), WhatsApp (+32 %) ou Youtube (+22 %) afin de leur demander d’optimiser et baisser la qualité de leurs contenus pour alléger le réseau.
Les gouvernements ont également été sollicités pour de l’élargissement – temporaire ou non – des spectres de fréquence afin d’étendre la capacité en ondes radio des opérateurs. « En Afrique du Sud, des accords temporaires d’élargissement de spectre ont été conclus pour de la 4G et de la 5G. Il en va de même Ghana pour la 4G et pour la 2G, 3G et 4G en RDC. Au Mozambique, nous avons réclamé plus de fréquences 2G et 3G. Si vous avez déjà l’équipement qui peut prendre en charge l’élargissement du spectre, vous pouvez être opérationnel immédiatement », détaille Andries Delport.
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