[Édito] Haftar, un maréchal de fortune au temps du coronavirus
Du 8 au 10 mai, très loin du regard des médias obsédés par la pandémie de coronavirus, une centaine de missiles se sont abattus sur Tripoli. Des tirs provenant tous de l’armée d’un seul homme, aveuglé par son orgueil : Khalifa Haftar.
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 15 mai 2020 Lecture : 4 minutes.
Pendant que le Covid-19 poursuit son œuvre et au cœur du mois béni de Ramadan, la Libye s’effondre sous l’effet d’un autre virus, celui de la pire des guerres, quand l’on connaît ceux que l’on tue, quand la victoire même est une défaite : le virus de la guerre civile. Du 8 au 10 mai, très loin du regard des médias obsédés par la pandémie de coronavirus, une centaine de missiles se sont abattus sur les quartiers résidentiels du sud de Tripoli et sur l’aéroport de Mitiga, alors que le faubourg plus populaire d’Abou Salim était visé par des bombardements à l’artillerie lourde. La veille, 18 frappes aériennes avaient touché la ville de Misrata, et une dizaine d’autres, les localités de Zliten, Ejeilat, Zwara et Garian. De la capitale libyenne au Jebel Nefoussa, ces tirs aveugles avaient tous la même provenance : l’armée d’un homme qui, par orgueil, est en passe de détruire son propre pays, le maréchal Khalifa Haftar.
Le condottiere de Benghazi
Il ne s’agit pas ici d’exonérer l’autre camp, le conseil présidentiel que dirige le pusillanime Fayez al-Sarraj, de sa propre responsabilité dans le délitement d’une Libye devenue le bac à sable de puissances régionales rivales, mais de s’en tenir aux faits : c’est bien le condottiere de Benghazi qui, en déclenchant unilatéralement l’opération « Tempête de paix » le 4 avril 2019 – comme si la paix pouvait surgir du chaos –, a balayé d’un revers de main les fragiles accords de paix de Skhirat. C’est donc sur lui que repose la part de culpabilité de loin la plus écrasante dans les crimes qui, inévitablement, sont le lot de ce type de conflit.
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