Hassan II n’est plus

Publié le 18 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

Le roi est mort. Après trente-huit années d’un règne tumultueux, commencé le 26 février 1961, à l’âge de 31 ans, au décès son père Mohammed V, Hassan II, dix-septième sultan de la dynastie alaouite, Commandeur des croyants et descendant en ligne directe du Prophète, s’éteint le vendredi 23 juillet 1999, emporté par une crise cardiaque. Malade du coeur et des poumons depuis sept ans, très affaibli, il avait fait sa dernière apparition publique à Paris, pour le défilé militaire du 14 Juillet sur les Champs-Élysées, avec Jacques Chirac, dont il était l’invité d’honneur. Pris de frissons dans la nuit du 22 au 23 juillet, Hassan II est hospitalisé à 5 heures du matin à la clinique du Palais après avoir ressenti un trouble du rythme cardiaque. Jusqu’à midi, son état n’inspire pas d’inquiétude. Il s’entretient avec ses fils, et ses médecins, avant de sombrer dans le coma. Transporté d’urgence à l’hôpital Avicenne, il décède vers 16 heures.

La nouvelle, annoncée à la télévision par le prince héritier Sidi Mohammed aux alentours de 20 heures, plonge le royaume dans la stupeur et la consternation. Même si le souverain, « féodal éclairé », inspirait davantage la crainte et le respect que l’amour, le choc provoqué par sa disparition est terrible. Tous les Marocains, zélés monarchistes comme opposants de la première heure, communient dans le deuil. Et éprouvent soudainement le sentiment de devenir orphelins. Deux jours plus tard, pour ses obsèques, célébrées à Rabat, 1 million de ses sujets se masseront le long du cortège, sous un soleil de plomb.

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Le gotha de la politique internationale s’est donné rendez-vous dans la capitale marocaine. Des têtes couronnées, le roi d’Espagne Juan Carlos, Abdallah II de Jordanie, Charles d’Angleterre ; des présidents, l’Américain Bill Clinton, le Français Jacques Chirac ; toute la famille arabe et maghrébine, à l’exception de Kadhafi ; Yasser Arafat, ému aux larmes, très fatigué, et soutenu pendant toute la procession par le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali et le Turc Süleiman Demirel. Les « ex » sont là aussi, comme le « copain » Valéry Giscard d’Estaing, l’ancien locataire de l’Élysée, qui prend un malin plaisir à narguer Chirac en venant se placer en tête de cortège. Les vieux amis africains sont également réunis, à l’instar du Gabonais Omar Bongo Ondimba, du Congolais Denis Sassou Nguesso ou du Sénégalais Abdou Diouf.

Mais le clou des obsèques est ailleurs : c’est l’aparté, surprenant, entre le président algérien Abdelaziz Bouteflika et le Premier ministre israélien Ehoud Barak, qui résonne comme une satisfaction posthume pour le roi Hassan II, adepte de la diplomatie personnelle (et secrète) et défenseur d’une ligne réaliste à l’égard de l’État hébreu.

Tout au long de la cérémonie, les faits, gestes et attitudes du nouveau roi, Mohammed VI, ont été scrutés. L’héritier, âgé de 36 ans, et préparé à devenir roi, reste une énigme. Le nouveau monarque, qu’on dit plus démocrate que son père, et qui se revendique une fibre sociale, a reçu l’allégeance des corps constitués dans la nuit du 23 au 24 juillet. Pour la famille royale, Moulay Rachid, son frère cadet, a signé en premier la bei’a, suivi par Moulay Hicham, son cousin, qui, rentré en urgence de Paris, et, selon ses dires, n’ayant pas eu le temps de se changer, se trouve le seul à être habillé en costume civil.

Le testament de Hassan II a réglé la cérémonie dans ses moindres détails. Sur les conseils de son cousin, « le prince rouge », Mohammed VI se résout à passer sa première nuit de roi au Palais de Rabat, plutôt que dans sa résidence des Sablons. Le message est clair : le nouveau monarque entend affirmer son autorité et exercer la plénitude de ses pouvoirs. Comme feu son père…

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