G8 : tenez vos promesses !

Publié le 18 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

Les pays riches ont décidé d’augmenter le montant de l’aide au développement d’au moins 50 milliards de dollars par an d’ici à 2010, dont la moitié, voire plus, ira à l’Afrique, faisant ainsi passer l’aide annuelle au continent de 25 milliards à 50 milliards en cinq ans. En donnant l’impulsion, l’Europe a prouvé qu’elle est championne d’une mondialisation fondée sur la coopération, l’aide au développement et la gestion écologique.
Globalement, quatre cinquièmes de ces 50 milliards de dollars viendront de l’Union européenne (UE), bien que cette dernière ne pèse que pour les deux cinquièmes dans le PNB des pays donateurs. Les 15 premiers pays de l’UE ont établi un ambitieux programme pour que l’aide puisse atteindre 0,56 % du PNB autour de 2010, et 0,7 % vers 2015. La Japon et le Canada ont accepté le principe des 0,7 %, mais ils ont refusé de s’engager sur une échéance. Les États-Unis ont fait encore plus fort, répétant à l’envi n’avoir jamais promis 0,7 %, même si George W. Bush a ratifié l’accord de Monterrey en mars 2002 qui l’engage à « faire des efforts concrets en faveur de l’objectif des 0,7 % ». Au lieu de cela, les États-Unis ont bricolé quelques petits programmes censés produire de grands effets. Leur récente action contre la malaria est bienvenue, mais il est dérisoire d’y consacrer 2,1 milliards de dollars sur cinq ans alors qu’il faudrait 3 milliards par an pour lutter contre la maladie en Afrique. Cette contribution est inférieure aux dépenses journalières du Pentagone.
Pour mettre fin à la pauvreté, le défi consiste à traduire les promesses de Gleneagles en opération de sauvetage des vies humaines. Le lendemain de la clôture du sommet, j’étais au Ghana. Bien que ravagé par la pauvreté, ce pays est l’un des mieux gouvernés et des plus prometteurs parmi les jeunes démocraties en Afrique. Plus de 100 enfants ghanéens sur 1 000 meurent avant leur cinquième anniversaire, un taux au moins dix fois plus élevé que celui des pays riches. Ces décès sont évitables. Malheureusement, le budget de la santé ne représente que le quart de ce qui est nécessaire pour mettre fin à cette situation. L’austérité du budget de la santé, placé sous la surveillance des institutions de Bretton Woods, est liée à la pauvreté et à l’insuffisance de l’aide. Au lieu d’encourager le Ghana à se serrer la ceinture pour préserver l’équilibre macroéconomique, le FMI ferait mieux d’enjoindre aux donateurs d’honorer leurs engagements envers ce pays afin qu’il puisse sauver ses enfants et rompre la spirale maladie-famine-pauvreté.
Les 50 milliards de dollars par an d’aide à l’Afrique représentent entre 75 dollars et 100 dollars par habitant, en fonction des besoins spécifiques de chaque pays et de son degré d’engagement à utiliser l’aide efficacement. Un montant à peu près équivalent devrait être affecté à l’agriculture et à l’infrastructure rurale. En investissant suffisamment dans les systèmes agricoles, l’Afrique peut tripler sa production alimentaire et accomplir sa « révolution verte » du XXIe siècle. Il est également vital d’investir davantage dans la scolarisation, la distribution d’eau potable, dans les systèmes sanitaires, ainsi que dans les autres infrastructures de base. L’aide doit être tournée principalement vers les investissements et les offres de service, et non pour acheter des denrées alimentaires ou verser des honoraires aux consultants des pays riches.
Lorsque les dirigeants du monde se retrouveront au sommet de l’ONU en septembre, ils auront l’occasion d’accélérer les avancées de Gleneagles. Ils devront obtenir des pays donateurs n’ayant pas encore de calendrier de passage aux 0,7 % qu’ils en annoncent enfin un ; convaincre les institutions internationales d’établir un plan de travail en fonction des Objectifs du millénaire pour le développement ; presser les donateurs qui se sont engagés à doubler leur aide de passer à l’acte.

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