Fièvres hémorragiques : des virus foudroyants

Publié le 18 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

Des centaines de morts, ces derniers mois, en Angola et au Congo : les virus des fièvres hémorragiques ont encore frappé. Mais qui sont-ils ?
Certains, transmis par des moustiques, sont de vieilles connaissances. Comme le virus de la fièvre jaune qui tua 21 des 23 médecins envoyés en mission au Sénégal à la fin du XIXe siècle avant d’être contrôlé par la vaccination. Comme le virus de la dengue, venu d’Asie et d’Amérique, heureusement moins redoutable. Comme bien d’autres dont nous ne parlerons pas. Nous ne nous intéresserons qu’aux derniers venus qui sèment la terreur depuis quarante ans : les virus Lassa et surtout Ebola, très rapidement identifiés par les biologistes.
Apparue dans les années 1960, la fièvre de Lassa a suscité l’émotion bien qu’elle tue « seulement » dans 10 % des cas environ. Il existe même des formes inapparentes. Chaque année, 200 000 à 300 000 personnes sont atteintes en Afrique de l’Ouest. Le réservoir de virus ? Ce sont les rongeurs qui contaminent les aliments.
La vedette incontestée de la terreur, c’est le virus Ebola, qui tue 75 % des personnes qu’il touche. La première alerte est donnée en 1969 en Allemagne, où l’on découvre un virus voisin, le virus de Marburg, après qu’il a tué 31 techniciens de laboratoire étudiant des singes malades importés d’Ouganda. En 1976, une épidémie de 602 cas (avec 431 morts) se produit au Soudan et au Zaïre : elle permet la découverte du virus Ebola, probablement transféré du singe à l’homme. Des épidémies de quelques dizaines ou centaines de cas ont été observées ensuite au Zaïre (actuel RD Congo), au Gabon et en Ouganda, avec toujours un taux de mortalité terrifiant.
Quels sont les signes de la maladie ? Lassa et Ebola ont des signes proches. Entre la contamination et le début de la maladie, il s’écoule entre trois et vingt et un jours. Donc, la période de surveillance d’une personne après un contact possible doit être de trois semaines.
Le début de la maladie ressemble à une grippe ou au paludisme : fièvre (brutale et élevée pour Ebola), douleurs musculaires et articulaires, fatigue intense. Les signes hémorragiques apparaissent après quelques jours, modérés et plus tardifs avec Lassa, plus importants avec Ebola. Sur la peau, ce sont des ecchymoses, des points rouges (pétéchies) et des saignements aux points de piqûre. Saignent aussi le nez, les gencives et les voies digestives (diarrhée rouge ou noire, vomissements noirâtres) ou urinaires.
Puis le foie et le rein sont touchés. Et le système nerveux : d’où vertiges, obnubilation, confusion, et coma fatal. La mort, lorsqu’elle survient, se produit vers le dixième jour.
Le traitement est surtout symptomatique contre la déshydratation, le choc et l’anémie. La ribavirine aurait un certain effet sur Lassa. Pour Ebola, nous n’avons aucun traitement spécifique. La sérothérapie (sérum de convalescents) et la recherche de vaccins n’ont pas été concluantes.
Le diagnostic se fait par la recherche du virus dans le sang dans des laboratoires spécialisés. Un examen sérologique par méthode Elisa est réalisable sur le terrain et donne un résultat de haute probabilité en quelques heures.
La prévention doit intervenir dès le début de l’épidémie. Elle vise à protéger les sujets sains qui peuvent être infectés par contact direct avec le sang, les sécrétions, les excréments, le sperme des hommes ou des animaux malades. Il faut donc : isoler strictement les malades et les contacts à risque élevé ; protéger les personnels sanitaires par du matériel jetable (coiffure, gants, masques, blouses) et des bottes en caoutchouc désinfectées après chaque contact ; et user largement de l’eau de Javel (à 1 % pour la peau, 10 % pour les sols, murs, lits, matelas, linges, excréments et aussi pour les cadavres qu’il faut enterrer très rapidement). Ces virus restent tueurs, certes. Mais on sait limiter les épidémies – en attendant des traitements spécifiques.

* Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan.

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