L’art du contretemps

Publié le 18 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Le fiasco de la politique américaine en Irak et les rêveries « démocratiques » des néoconservateurs suscitent dans l’opinion américaine un rejet de plus en plus virulent. Très sensibles à ces fluctuations à l’approche des élections (l’an prochain), les hommes politiques point trop compromis dans l’aventure prennent prudemment leurs distances. « Ah ! si j’avais su », se lamente Hillary Clinton, des larmes de crocodile plein la voix.
Il se trouve pourtant des adeptes de la navigation à contre-courant. En attendant de briguer l’investiture républicaine pour la présidentielle, le sénateur John McCain, qu’on avait connu hostile à la guerre, embouche aujourd’hui de fort belliqueuses trompettes. Autre présidentiable, Rudolph Guiliani, l’ancien maire de New York, a rompu avec les réalistes de l’administration pour engager un flirt poussé avec les néocons – ou ce qu’il en reste. Dieu sait quelles tortueuses – et illusoires ? – stratégies sous-tendent ces retournements de veste à contretemps !
Le cas du sénateur Joseph Lieberman est un peu différent. Bête noire de la gauche du parti démocrate, la « pom-pom girl de Bush », comme on le surnomme parfois, a toujours été favorable à la guerre – et le reste. Mais il prêche désormais l’escalade. « Nous devons nous préparer, explique-t-il, à lancer des opérations militaires agressives contre les Iraniens pour qu’ils arrêtent de tuer nos soldats en Irak. » Lesdites opérations devraient inclure « des frappes de l’autre côté de la frontière chaque fois que nous avons la preuve de l’existence d’une base » jihadiste.
Le rôle des Iraniens en Irak n’est sans doute pas d’aider les Américains à se sortir du guêpier dans lequel ils se sont fourrés. Mais qui ne voit qu’ils y interviennent avec circonspection et retenue ? Leur stratégie est régionale et à long terme : une soudaine débandade des GI’s ne servirait pas leurs intérêts. De l’autre côté, l’administration Bush fait preuve dans ce dossier d’un réalisme et osons le mot – d’une intelligence dont elle n’avait usé jusqu’ici qu’avec parcimonie. C’est une partie d’échecs qui se joue, pas un combat de boxe ! À l’évidence, l’intrépide sénateur Lieberman ne l’a pas compris.

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