« Je n’ai pas peur de Gbagbo »

La présidentielle n’aura pas lieu avant l’année prochaine, mais l’ancien chef de l’État est déjà candidat. Et sort de sa réserve pour dire ses vérités. Sur la sortie de crise, le tandem au pouvoir, les amis et les ennemis. Rien ni personne n’est oublié.

Publié le 18 juin 2007 Lecture : 16 minutes.

Par tempérament ou calcul, Henri Konan Bédié parle rarement, et pas toujours comme un politicien roué. Mais comme un homme dont la vie de chef d’État a basculé avec le putsch du 24 décembre 1999. Depuis ce jour, plus rien n’a été comme avant. Tout a changé : il a perdu le pouvoir, quitté son pays dans des conditions humiliantes, vécu vingt-deux longs mois d’exil à Paris, connu une remise en question de son action, à la fois au sommet de l’État et à la tête de sa propre formation, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et essuyé le reproche d’avoir « dilapidé l’héritage de Félix Houphouët-Boigny ». Aujourd’hui, il ne rêve que de reprendre son programme là où la parenthèse du coup d’État de Noël l’a interrompu et récupérer les rênes des mains de Laurent Gbagbo.
Pour lui, le prochain scrutin présidentiel, prévu au cours du premier trimestre 2008 sans autre précision, sera la bataille électorale de sa vie – peut-être, à 74 ans alors, la dernière. Il n’en a pas connu d’autres aussi importantes. Le 7 décembre 1993, il accède au pouvoir au lendemain de la disparition du « Vieux », et pas par la grâce des urnes, mais par celle de l’article 11 de la Constitution qui fait de lui le successeur désigné. Et se fera élire en 1995 face à un seul et unique adversaire crédible, certes, mais sans réelle audience populaire : Francis Wodié, du Parti ivoirien des travailleurs (PIT). Devant ce qu’ils considéraient comme un « simulacre d’élection », les autres chefs de l’opposition avaient choisi de s’inscrire aux abonnés absents. À commencer par Laurent Gbagbo, l’actuel locataire du palais.
La reconquête du pouvoir paraît aujourd’hui autrement plus rude. Mais Bédié part à la bataille apparemment ragaillardi. Ceux de ses camarades, comme les anciens ministres Laurent Dona Fologo, Lamine Fadika ou Émile Constant Bombet, qui ont tenté en 2002 de lui prendre la tête du PDCI n’y sont pas parvenus. D’ailleurs, pour la présidentielle d’octobre 2005 – jusqu’ici objet de reports -, aucun ne s’est risqué à lui disputer l’investiture du parti. Et Charles Konan Banny, alors gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), auquel on prêtait des velléités de candidature, avait laissé planer le doute, avant de renoncer. Aujourd’hui, Bédié semble tenir la barre et entend demeurer le champion de son camp.
Dans cette reprise en main du PDCI, beaucoup ont vu tout le savoir-faire de Bédié. Le personnage un peu assoupi, à l’allure de patricien passablement emprunté, s’est révélé un redoutable manuvrier. À chaque fois qu’on l’a dit mal en point, comme pendant son exil parisien quand le découragement le visitait, il a su rebondir. La façon dont il a résisté aux différentes tentatives de déstabilisation montre qu’il ne manque pas de ressources, qu’il est du sérail et qu’il peut se prévaloir d’une solide expérience politique. Son parcours, ponctué d’éclipses (aux allures d’enterrement de première classe) suivies de résurrections spectaculaires, l’atteste.
À 27 ans, il est le premier ambassadeur de la Côte d’Ivoire indépendante aux États-Unis. Par la suite, il sera successivement ministre de l’Économie et des Finances, conseiller spécial chargé de l’Afrique à la Banque mondiale, à Washington, député puis, à partir de 1981, président de l’Assemblée nationale. Et président de la République. Bien sûr, il n’a pas ce sens contagieux du contact qu’affiche Laurent Gbagbo. Encore moins la spontanéité de celui-ci, qu’il brûle d’affronter dans les urnes. Mais il peut se montrer tout aussi combatif. Tout aussi rusé également. La preuve : son rapprochement tactique depuis trois ans avec Alassane Ouattara, l’homme qu’il avait essayé d’éliminer de la scène politique au milieu des années 1990.
Exclu du scrutin présidentiel d’octobre 2000, l’enfant de Daoukro, dans l’ancienne boucle du cacao, peut-il reprendre la tête du pays ? Saura-t-il toujours se prémunir des snipers de son propre camp qui rêvent de le faire trébucher et dont certains sont cornaqués par ses adversaires ? Son combat relève-t-il de l’ambition légitime de réparer des erreurs, terreaux depuis une vingtaine d’années du mal-être de la Côte d’Ivoire et dont il est en partie responsable ? Arrivera-t-il à ses fins face à l’axe Laurent Gbagbo-Guillaume Soro qu’il soupçonne de se dessiner depuis la signature, le 4 mars, de l’accord de Ouagadougou ? L’attelage qu’il forme avec Alassane Ouattara, son ennemi d’hier, son ami d’aujourd’hui, résistera-t-il jusqu’au bout à la compétition présidentielle ? Et survivra-t-il à la (re)prise du palais d’Houphouët ? Si, bien sûr, reprise il y a.

Jeune Afrique : Pourquoi présentez-vous votre candidature dès maintenant, alors que la présidentielle ne devrait avoir lieu que l’année prochaine ?
Henri Konan Bédié : En réalité, je l’ai présentée il y a plus d’un an, lors d’un grand meeting d’investiture à Abidjan. Mais comme l’élection présidentielle est sans cesse reportée, il est nécessaire que je rappelle ma candidature à l’opinion. En 2005, celle-ci a été approuvée par le PDCI [Parti démocratique de Côte d’Ivoire, NDLR]. Depuis, le parti n’a pas changé de position.
Quelles seront vos priorités si vous êtes élu ?
Depuis le coup d’État de 1999 où j’ai été évincé du pouvoir, rien de nouveau n’a été fait en Côte d’Ivoire. Donc tout est prioritaire. Au plan politique, nous voulons le retour de la démocratie, qui est bafouée actuellement par de nombreuses violations des droits de l’homme, depuis le charnier de Yopougon en octobre 2000 jusqu’aux tueries de mars 2004. Au plan économique, tout est sinistré, malgré la bonne tenue des cours du cacao et du pétrole. Le taux de pauvreté est passé de 33 % à 50 %, ce qui veut dire que la moitié des Ivoiriens vit en dessous du seuil de pauvreté. La priorité, c’est de reconstruire la Côte d’Ivoire.
Le PDCI est-il en ordre de marche ?
Parfaitement. Nous rencontrons des difficultés sans nom. Un seul homme, Laurent Gbagbo, accapare tous les moyens de l’État pour se faire réélire. Mais malgré cela, la machine du PDCI demeure la plus importante du pays. Depuis le congrès de 2005, depuis le choix de ma personne comme candidat, la cohésion du parti est forte et constamment réaffirmée.
Les dissidents du PDCI ne menacent-ils pas cette cohésion ?
Il serait impropre de parler de dissidents. Je crois que vous faites allusion à quelques cadres qui, pour des raisons alimentaires, ont rejoint Laurent Gbagbo et le FPI [Front populaire ivoirien, NDLR]. Mais ce phénomène est tout à fait marginal au sein du parti. Au Congrès du PDCI en 2005, il y a eu plusieurs candidats contre moi. Ils ont été battus démocratiquement. Depuis, tout est rentré dans l’ordre. Et au moment de l’investiture elle-même, je n’ai pas eu d’adversaire. Donc, on ne peut pas parler de dissidents.
Faites-vous allusion à Laurent Dona Fologo ?
Je ne veux pas faire de publicité pour qui que ce soit, mais ils ne sont pas nombreux !
N’y a-t-il pas tout de même des courants à l’intérieur de votre parti, comme le « PDCI rénovateur » de l’ancien patron des patrons ivoiriens Marcel Zady Kessi et le « PDCI nouvelle vision » de l’ex-ministre de l’Intérieur Émile Constant Bombet ?
Non, il n’y a pas de courant au PDCI. Zady Kessi était avec moi le mois dernier aux assises de Daoukro. En ce qui concerne le « PDCI nouvelle vision », les jeunes gens qui ont eu quelques velléités de s’émanciper sont rentrés dans le rang. Le parti est dans la cohésion et l’unité. Il est en bonne marche pour l’élection.
Quels sont vos rapports avec Bombet ?
Ils sont courtois. Il n’y a pas de problèmes entre nous.
La brouille avec l’ancien Premier ministre et ex-gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest Charles Konan Banny est-elle terminée ?
D’abord, il n’y a jamais eu de brouille. Avant de rentrer de Dakar [au moment du Congrès du PDCI, en 2005, NDLR]), M. Banny avait quelques ambitions, ce qui est tout à fait légitime. Mais une fois nommé Premier ministre en décembre 2005, il nous a rejoints et notre coopération a toujours été très bonne. Aussi bien quand il était à la primature que maintenant.
Y a-t-il un modus vivendi entre vous ?
Il n’y a pas besoin de modus vivendi. Nous appartenons à la même grande famille politique du PDCI.
Ne vous êtes-vous pas entendus pour les deux prochaines présidentielles ? Il vous soutiendra pour la première, et vous l’appuierez pour la seconde
Cela n’est écrit et n’a été dit nulle part. Ce sont des spéculations.
Ne rappelez-vous pas que vous êtes candidat pour couper l’herbe sous le pied de vos éventuels concurrents à l’intérieur du PDCI ?
Non, pas du tout, car il n’y a pas de candidature concurrente. Mais, pour l’opinion nationale et internationale, au-delà des membres du parti, il est nécessaire que de temps en temps on rappelle que cette candidature existe. C’est une piqûre de rappel.
La machine du PDCI pourra-t-elle faire le poids face à celle de Laurent Gbagbo ?
Tout le monde sait que le FPI est un parti minoritaire en Côte d’Ivoire. Le PDCI, lui, est le plus grand parti de Côte d’Ivoire, de par ses résultats aux dernières élections [législatives et municipales de 2000 et 2001, NDLR]. Par conséquent, il n’y a aucun doute. Le PDCI fait le poids devant le FPI, et je fais le poids devant Laurent Gbagbo. Il ne me fait pas peur.
Mais n’a-t-il pas plus d’argent que vous ?
Oui, mais l’argent ne fait pas tout. Après ce qui s’est passé, les gens veulent sortir le pays de la guerre et de la misère. Et surtout des violations continuelles des droits de l’homme. L’élection, c’est une question de crédibilité et d’expérience. Et puis, c’est une question sociologique.
De ce point de vue, Laurent Gbagbo n’a-t-il pas grignoté votre électorat, notamment chez les Akans du Sud ?
Pas du tout. Les gens du FPI font beaucoup d’efforts pour courtiser l’électorat akan, mais, à chaque passage, le chemin se referme sur eux.
Laurent Gbagbo ne va-t-il pas tout de même grignoter des voix au-delà de l’électorat bété, son ethnie ?
Mais nous grignotons aussi l’électorat bété ! Tous les Bétés ne sont pas avec Gbagbo. Nous avons toujours eu des bastions dans le pays bété, même si ces derniers temps ces bastions ont tangué à cause de toutes les pressions sur les électeurs. Mais puisque les élections doivent être justes, honnêtes et certifiées par les Nations unies, nous pourrons grignoter, comme vous dites, dans le pays bété. En revanche, nous ne craignons pas que beaucoup d’électeurs de notre zone sociologique aillent voter pour le FPI.
Ferez-vous prochainement une tournée dans le pays ?
Oui, bien sûr. Mais une fois que les perspectives seront plus nettes en ce qui concerne la reprise des audiences foraines et de l’identification des électeurs.
Donc pas avant deux ou trois mois ?
Non. Pas avant.
Le FPI affirme que vous n’aimez pas trop le contact avec le peuple
Écoutez, j’ai déjà été président de ce pays. J’ai fait des campagnes. Et je sais comment entretenir mes contacts avec les électeurs.
À la première réunion du Cadre permanent de concertation (CPC), le 12 juin à Yamoussoukro, le président Blaise Compaoré a annoncé un nouveau report de la présidentielle au début de l’année 2008. Croyez-vous encore à la tenue de ce scrutin ?
Je suis membre du groupe, donc c’est ensemble que nous avons décidé du report. Il faut espérer que ce soit le dernier.
Que retenez-vous de cette réunion ?
Elle a été très paisible, et très positive. Nous avons essayé de régler tous les points qui bloquaient la situation jusqu’ici, et je crois que nous y sommes parvenus, sur le papier au moins.
« Sur le papier », dites-vous. Mais concrètement ?
Concrètement, c’est le temps qui va nous le prouver.
Au sein du CPC, vous avez demandé à Guillaume Soro de faire redémarrer les audiences foraines avant la fin du mois de juin. Qu’est-ce qui vous garantit que ce sera fait ?
Il nous a assuré qu’il pouvait le faire, et qu’il avait réuni une partie des moyens nécessaires. Il nous a dit qu’il pouvait commencer en attendant de négocier pour le reste du financement.
La réunion a-t-elle permis d’avancer sur d’autres points du processus ?
Absolument. Sur la désignation par exemple de l’opérateur technique chargé de l’identification des électeurs. Ce sera une société française.
Et sur le démantèlement des milices ?
Dans son principe, oui. Mais pour l’instant, il n’y a pas eu de démantèlement. Juste un simulacre de remise des armes dans l’Ouest. Comme les milices sont partout, et surtout à Abidjan, le problème demeure entier.
Et sur le commandement intégré ?
Le dossier est laissé à l’arbitrage du président Compaoré, car il y a des blocages au sujet des grades des anciens rebelles.
Et sur le rôle de l’Onu ?
Nous avons souhaité le maintien du poste de Haut Représentant pour les élections. Gérard Stoudmann, qui occupait cette fonction, est déjà parti, pour des raisons de famille, dit-on. Mais c’est son remplacement qu’il faut assurer maintenant.
Mais Laurent Gbagbo acceptera-t-il son remplacement ?
Il était à la réunion. Nous avons décidé ensemble.
Les contingents militaires de l’Onuci et de Licorne sont-ils encore utiles ?
Absolument. Vous voyez bien tous les problèmes qui restent en suspens, comme le démantèlement des milices et les audiences foraines. Il faut sécuriser le pays, et ce ne sont pas ceux qui se sont battus qui peuvent tout garantir. L’Onuci et Licorne sont plus utiles que jamais, et je regrette que le dispositif Licorne ait été allégé.
Laurent Gbagbo vous a-t-il semblé plus coopératif que d’habitude ?
Sur l’ordre du jour qui a été arrêté, nous avons réalisé des accords tous ensemble. C’est à l’unanimité pratiquement que nous sommes arrivés à ces conclusions.
L’arrivée de Guillaume Soro à la primature a-t-elle eu un effet positif sur le comportement de Laurent Gbagbo ?
Cela, je n’en sais rien, mais je crois que chaque négociation bénéficie des avancées antérieures.
Blaise Compaoré est-il devenu l’arbitre de la crise ivoirienne ?
Oui. Sur certains points qui bloquent, il a été efficace.
Sur le commandement intégré ?
Non, là-dessus, c’est plus tard que nous le saurons. Mais sur les audiences foraines par exemple, pour le choix de l’opérateur technique. Et sur la confiscation des médias d’État, comme la RTI [Radiotélévision ivoirienne, NDLR], par le FPI et Laurent Gbagbo. Nous avons souhaité un meilleur contrôle et une plus grande ouverture.
Pourquoi êtes-vous allé à Ouagadougou le 9 juin, quelques jours avant la réunion de Yamoussoukro ?
Parce que j’étais invité par le président du Burkina Faso. Et cela a été positif, car j’ai pu contribuer à arrêter l’ordre du jour de la réunion du CPC avec le président Compaoré. Cela a permis au groupe d’avancer rapidement vers les conclusions. Le CPC vient de prouver qu’il a sa raison d’être. Et sa prochaine réunion est prévue en août.
En mars dernier, vous avez été le seul homme politique ivoirien à ne pas faire le déplacement de Ouagadougou. Y êtes-vous allé ce mois-ci pour rattraper le temps perdu ?
Non, pas du tout. En mars dernier, j’ai envoyé des émissaires, comme Djédjé Mady et Patrick Achi, mais ma présence à Ouagadougou n’était pas nécessaire. De toute façon, la négociation proprement dite ne concernait pas les leaders politiques. Et puis, je n’étais pas invité. Les autres leaders y sont allés d’eux-mêmes. Cette fois-ci, j’ai été bel et bien invité.
Êtes-vous plus optimiste après la réunion de Yamoussoukro ?
Je suis réaliste. Il faut beaucoup de temps pour faire ces choses-là. Pour le moment, les problèmes qui figeaient la situation sont réglés sur le papier au moins.
Qu’attendez-vous du tandem Gbagbo-Soro ?
Ce que j’attends de leur collaboration, c’est qu’il en sorte des élections honnêtes, justes et transparentes.
N’êtes-vous pas surpris par un tel attelage ?
Non, parce qu’il s’agit des deux belligérants. Et nous les avons encouragés à tenir ce dialogue direct.
Le PDCI et le Rassemblement des républicains, le RDR d’Alassane Ouattara, ne sont-ils pas lésés par l’accord de Ouagadougou ?
Non. Nous avons nous-mêmes accepté l’idée d’un dialogue direct, car sans cela la paix n’était pas possible. Et avant d’aller négocier à Ouagadougou, le jeune Guillaume Soro a tenu à solliciter l’accord du RHDP [Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, alliance du PDCI et du RDR, NDLR]. Nous l’avons adoubé pour aller discuter. Il nous a rendu compte régulièrement de l’avancée de ces négociations, mais maintenant il faut appliquer ces accords. C’est là que le bât blesse.
Les Forces nouvelles n’ont-elles pas changé de camp ?
Je ne crois pas. Elles sont dans leur camp. D’ailleurs, nous regrettons que les deux camps soient toujours face à face.
Ne craignez-vous pas que Soro rejoigne le camp de Gbagbo contre vous ?
Il n’y a pas de raison à cela. Le RHDP n’est pas un mouvement armé. Et comme Soro n’est pas candidat aux élections, je ne vois pas vraiment ce que cela voudrait dire.
Ne pourrait-il pas appeler ses partisans du Nord à voter pour Gbagbo contre Ouattara et vous ?
Non, nos militants sont toujours présents au Nord, et ils sont nombreux.
Pensez-vous qu’il y a un accord secret entre Gbagbo et Soro pour se partager le gain des deux prochaines présidentielles ?
Je n’ai pas d’information là-dessus. De toute façon, si cet accord est secret, on ne peut pas le savoir !
Votre alliance avec le RDR ne risque-t-elle pas de se casser à l’approche de la présidentielle ?
Pas du tout. C’est une alliance bien pensée, bien conçue. En France, il y a eu douze candidats à la dernière présidentielle, mais au second tour un candidat a fait la différence. Et au RHDP, tous les partis feront bloc autour du candidat le mieux placé au second tour. Ce qui est tout à fait démocratique. Si nous cherchons à présenter une candidature unique du RHDP dès le premier tour, chacun voudra que l’autre se retire à son profit. Et si nous échouons, des gens s’en serviront contre nous. Ils parleront de l’échec du RHDP avant même les élections. Donc je pense que la candidature unique est un idéal, mais à l’impossible nul n’est tenu ! Par ailleurs, si le RHDP présente plusieurs candidats au premier tour, il sera très difficile pour Gbagbo de dire qu’il a rassemblé plus de voix que tous les autres partis politiques réunis. Chacun sait le poids du PDCI et du RDR en Côte d’Ivoire. Et chacun connaît le poids du FPI !
Voulez-vous dire qu’il sera plus facile de mettre Gbagbo en ballottage si Ouattara et vous-même êtes tous deux candidats ?
Absolument. La mobilisation sera totale dans chaque parti. Et s’il y a une coalition du PDCI et du RDR au second tour, Gbagbo sera battu. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il traîne des pieds pour organiser les élections.
Vous aurez 75 ans en mai 2009. Ne craignez-vous pas qu’un jour Laurent Gbagbo invoque l’article de la Constitution sur la limite d’âge pour vous empêcher d’être candidat ?
Mais des élections en 2009, ça nous reporte très loin ! Et ce n’est pas souhaitable ! On ne peut pas s’engager dans une approche aussi défaitiste. Cela supposerait que tout le monde laisse faire, aussi bien les partis politiques que la communauté africaine ou les Nations unies. Comment sera gouverné le pays jusqu’en 2009 s’il n’y a pas d’élections ? De toute façon, je ne m’inscris pas dans cette hypothèse. Avant d’arriver à la limite d’âge, il y a du temps.
Certains hommes politiques ivoiriens aimeraient bien que vous ne soyez plus un candidat parmi d’autres, mais un doyen au-dessus des partis
Cela ne s’exprime pas ici. Nous n’avons pas l’expression d’un tel sentiment ici.
Henri Konan Bédié bon pied bon il ?
Oui. Et à 73 ou 75 ans, on n’est pas plus âgé que beaucoup de candidats à la présidence qui se présentent actuellement en Afrique. Et qui gagnent parfois !
Pensez-vous au président sénégalais Abdoulaye Wade ?
Je ne cite personne.
Faut-il réviser l’article de la Constitution sur la limite d’âge ?
Pour le moment, non. Il n’y a pas nécessité. Et si en 2009 les élections n’ont pas eu lieu, alors que le chef de l’État a été prorogé et que tout le monde a été prorogé, je ne vois pas pourquoi on ne prorogerait pas l’âge limite !
Gbagbo ne va-t-il pas quand même être tenté d’utiliser cet article pour essayer de vous exclure de la compétition ?
Si on le laisse faire, oui. Mais nous n’accepterons pas au PDCI un comportement de ce genre. Et puis les atermoiements et les volte-face, ça finit par lasser les gens ! Ils en ont marre ! Ils veulent un pays avec un président respectable qui tienne compte de la parole donnée.
Qu’attendez-vous pour la Côte d’Ivoire du nouveau président français, Nicolas Sarkozy ?
Nous espérons que le président Sarkozy s’inscrira dans la continuité par rapport à l’action menée par le président Chirac en faveur du dénouement de la crise. Car la France, plus que certains autres pays, est l’amie de l’Afrique. Il ne faut pas que les Nations unies baissent les bras à propos de la Côte d’Ivoire. Il faut qu’elles accompagnent les élections et en certifient les résultats.

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