Irak : la partition à petits pas
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L’issue la plus probable de la guerre en Irak est que nous allons assister à un repli progressif des Américains. Un petit nombre de soldats resteront pour combattre al-Qaïda et s’assurer que personne ne renverse le gouvernement croupion de Bagdad. Mais le peuple irakien sera de plus en plus livré à lui-même et devra chercher la sécurité là où il le pourra. L’ironie du sort est que ce qui l’attend, c’est la partition. On n’y échappera pas, et il y aura beaucoup de sang versé. Car si le centre reste paralysé, des bandes armées locales s’arrogent des morceaux de pouvoir et s’installent.
Des milices chiites ont ainsi pris position progressivement à Qadhimiya, dans les faubourgs de Bagdad. Elles expulsent les sunnites. Elles ont créé un système de justice de rue, appuyé sur des tribunaux islamiques clandestins. Elles se financent par les extorsions de fonds et la corruption. Mais au milieu des exactions mafieuses et du nettoyage ethnique, elles font régner un calme relatif. Deux milliers de familles chiites ont emménagé. Une vraie réussite : un coin tranquille ethniquement nettoyé.
Faute d’une transition douce bien gérée qui aurait au moins l’avantage de transférer le pouvoir aux personnalités locales les mieux indiquées, nous avons assisté à une partition à la mitrailleuse qui donne le pouvoir aux plus violents. Pour les Irakiens, le truand qui exploite la station-service locale est celui qui dicte la loi. L’erreur dans laquelle persistent les Américains est le refus de regarder en face la réalité irakienne, sociologiquement, sur le terrain.
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