Wolfowitz fera l’affaire

Publié le 18 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Intervenue après la désignation de John Bolton comme ambassadeur des États-Unis à l’ONU, la nomination de Paul Wolfowitz à la présidence de la Banque mondiale a éveillé la crainte de voir George W. Bush « occuper le terrain » en plaçant des idéologues opposés à la notion de coopération internationale. Mais il y a une différence importante entre Wolfowitz et Bolton. Alors que Bolton semble rejeter le principe même des Nations unies, Wolfowitz a toujours soutenu l’idée que les pays avancés devaient utiliser leurs ressources pour promouvoir la démocratie et la prospérité à travers le monde. De fait, le credo des néoconservateurs est que l’Amérique doit mettre sa richesse au service des valeurs démocratiques. Wolfowitz a lui-même déclaré que la mission assignée à la Banque mondiale – réduire la pauvreté – est « l’un des plus grands défis moraux de notre temps ». Il est l’homme qu’il faut pour réaliser cette tâche cruciale durant le mandat de Bush. Son efficacité à la tête de la Banque mondiale dépendra de la volonté des États-Unis et des autres pays de financer des programmes non militaires. Ainsi, pour de simples raisons bureaucratiques, il est assuré de devenir le premier défenseur mondial de l’aide étrangère. Si l’on considère que les États-Unis sont le pays industrialisé qui apporte la plus faible contribution par tête à l’aide et que le Parti républicain a toujours été opposé à cette forme d’assistance, c’est une bonne nouvelle qu’un tel avocat ait l’oreille du président.
Certains observateurs sont hostiles à Wolfowitz sous le prétexte qu’il est responsable des nombreux échecs politiques et militaires en Irak. Il est vrai que les civils du Pentagone ont fait preuve de négligence dans la préparation de l’après-guerre : on n’a pas envoyé là-bas assez de troupes et rien n’a été prévu pour défendre le pays contre une éventuelle insurrection. Il est vrai aussi que Wolfowitz a été mal inspiré de proclamer que les forces américaines seraient accueillies en libérateurs et que la reconstruction serait en grande partie financée par le pétrole irakien.
Wolfowitz a déclaré que, dans ses nouvelles fonctions, il serait un « fonctionnaire international », une expression qui rebute assurément nombre de conservateurs. Or, du fait de leur énorme contribution financière, les nations européennes et asiatiques ont une influence bien plus grande dans le domaine du développement que sur les questions d’ordre militaire. Wolfowitz sera donc amené à mettre une sourdine à l’unilatéralisme qu’il prêchait au Pentagone.

*Ex-secrétaire d’État adjoint sous la présidence de Bill Clinton.

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