Ould Taya en guerre contre l’obésité

Le président poursuit sa politique de modernisation. Après l’abandon du week-end islamique, il lève un autre tabou : le « gavage » des femmes.

Publié le 18 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Quelle est la dernière « mode » pour les femmes de Nouakchott, la capitale mauritanienne ? Se retrouver quotidiennement au stade olympique à une heure où, traditionnellement, elles devraient être dans leur cuisine à préparer le dîner. Elles s’y rendent, par petits groupes, non pas pour jouer au football, mais pour s’adonner à leur nouveau hobby : la marche et, pour celles qui ont du souffle, le jogging.
Cet intérêt nouveau pour l’activité physique est le résultat de la campagne contre l’obésité des femmes, l’une des dernières initiatives du président Maaouiya Ould Taya pour débarrasser la société mauritanienne de pratiques d’un autre âge et la faire évoluer vers le modernisme. En moins d’un mois, il vient de lever deux tabous : celui de l’obésité, et celui du week-end (jeudi-vendredi, voir J.A.I. n° 2309).
Pendant des siècles et jusqu’à une époque récente, la tradition, surtout chez les Maures, voulait qu’on suralimente les jeunes filles pour qu’elles soient le plus rondes possible. Un quasi-gavage prétendument destiné à les valoriser socialement et donc à augmenter leurs chances de trouver un mari. Avec l’âge, dès la trentaine ou la quarantaine, l’obésité devient source de maladies. Pour Ould Taya, il s’agit d’un frein à la modernisation et à l’épanouissement de la femme. Il fallait donc secouer la tradition.
Cela donne, sept jours sur sept, un spectacle insolite : les femmes, qu’on ne voit presque jamais courir, sont plusieurs dizaines à partager avec les hommes la piste d’athlétisme du stade de football et celle longeant les gradins vers l’extérieur. Certaines sont en survêtement et chaussures de sport, mais la plupart n’osent pas encore se séparer de leurs élégantes et traditionnelles lahfa (boubous) multicolores et de leurs savates. Plusieurs étrangères, européennes ou originaires du Moyen-Orient, se joignent à elles.
Dès que le soleil prend une couleur pourpre, ces dames s’arrêtent de papoter et se pressent vers la sortie, où certaines sont attendues par un mari, un fils, un fiancé ou un frère venu pour les raccompagner. « La quarantaine atteinte, elle s’est mise en tête que son corps allait ainsi retrouver une ligne plus attrayante pour continuer à me séduire », plaisante un universitaire venu chercher son épouse.
Même si l’on doute qu’une heure de marche quotidienne puisse faire perdre des kilogrammes d’un seul coup, la campagne anti-obésité suscite un véritable engouement. Comme si bon nombre de femmes n’attendaient que cela pour s’offrir une occasion de loisir et faire un pied de nez à la tradition perpétuée par leurs grands-mères.

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