L’énigme Thabo Mbeki

Malgré d’incontestables succès diplomatiques et économiques, le successeur de Mandela a mauvaise presse chez lui. Un ouvrage tout juste sorti en Afrique du Sud aide à comprendre pourquoi.

Publié le 18 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

William Gumede, journaliste et éditorialiste pour l’hebdomadaire sud-africain Sunday Independent, est un homme inquiet. Son livre, Thabo Mbeki and the Battle for the Soul of the ANC, n’est sorti en librairie que le 1er avril, et il sait déjà que le principal intéressé ne l’a guère apprécié. Officiellement, le président sud-africain a déclaré attendre de l’avoir lu en entier pour donner son opinion. Mais il vaudrait peut-être mieux pour Thabo Mbeki qu’il s’abstienne de tout commentaire sur cet ouvrage qui dévoile, entre autres choses, le côté paranoïaque de sa personnalité.
Le livre connaît un gros succès en Afrique du Sud. Il y a de quoi : non seulement William Gumede est un fin connaisseur du personnage Mbeki et du parti de libération sud-africain, mais les ouvrages sur l’homme politique le plus en vue d’Afrique sont rares. Les Sud-Africains se sont donc précipités sur cette biographie politique qui dévoile un peu du mystère. « Thabo Mbeki ne sait pas bien gérer son image. C’est probablement son principal problème », explique Gumede. « Il n’a pas la même culture que Mugabe ou Kadhafi. Quand il va dans une réunion internationale, il prononce son discours et il s’en va. » Un comportement qui s’explique : « En exil, les militants de l’ANC ne se mêlaient pas aux populations locales. »
Le livre de Gumede a l’avantage d’avoir été écrit par un homme proche des réseaux de l’ANC (la longue liste des entretiens qu’il a réalisés en est la preuve), mais qui n’en fait pas partie. Le recul de l’observateur lui permet de décrire l’ascension presque machiavélique de Mbeki jusqu’à la tête de l’ANC, le soutien fort qu’il reçoit des groupes industriels sur sa « politique économique patriotique » et d’esquisser, dans un dernier chapitre, la succession du président, quand il quittera le pouvoir en 2009. « Personne ne peut prédire aujourd’hui qui sera chef de l’État après Mbeki, mais je peux vous assurer que nous ne manquons pas de gens valables qui sauront très bien continuer à faire prospérer ce pays. »
Tout aussi avides d’informations sur l’énigmatique président, les journalistes étrangers ont également apprécié à sa juste valeur l’ouvrage de Gumede. John Reed, le correspondant du quotidien britannique Financial Times, l’a lu. Voici son point de vue.

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