La France ni oui ni non

Publié le 19 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Donc, à en croire les sondages, les Français sont capables de dire « non » à la Constitution européenne. Un drôle de « non » d’ailleurs, que l’on sent névrotique, angoissé, rebelle, comme une envie irrationnelle de tout envoyer balader. De dire aux élites, à l’Europe et au reste du monde que les Français sont encore des Français, des Gaulois irréductibles qui résistent encore et toujours à l’envahisseur, qu’ils sont encore capables de faire la révolution.
En même temps, ceux qui voteraient « non » aimeraient, d’après d’autres sondages, que le « oui » finisse miraculeusement par passer. Mais alors, il faudrait remanier le texte, pour s’assurer que les patrons n’auront plus jamais le droit de licencier quiconque. Ou alors, il faudrait « virer » d’un coup, d’un seul, Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin et François Hollande. Ou alors exclure les Polonais et tous ces nouveaux pauvres européens qui viendront nous tondre la laine sur le dos. Ou alors garantir que les Turcs seront tous convertis au christianisme dans les dix ans qui viennent…

Au fond, ce « non » qui se voudrait « oui » et ce « oui » que se voudrait « non », en clair un « ni oui ni non », n’ont rien de révolutionnaire. La France, pour écrire sommairement, a la trouille. La trouille de ne pas changer et la trouille de changer. La trouille d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire européenne. Et la trouille de faire sauter tout l’édifice. La grande nation, au coeur de cette extraordinaire aventure qu’est la construction européenne, est déprimée, elle étouffe sous le poids de ses contradictions. C’est une nation immobile où le dialogue entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas, ou ceux qui ont peur de ne plus avoir, est au point mort. Une nation mal gouvernée par des politiciens à courte vue, de droite comme de gauche, qui n’osent pas imposer des réformes parce qu’eux-mêmes, finalement, ont une idée assez floue de ce que pourrait être le futur français.

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Quelle déprime ! Allez, les Français, vous êtes un peu plus de soixante millions, vous êtes riches, vous êtes privilégiés, vous avez certaines des plus belles entreprises du monde, vous avez une grande histoire et une grande culture, des jolies femmes et des grands vins, une équipe de foot qui fut championne du monde et championne d’Europe. L’angoisse ne mène nulle part. Votez oui, oui à l’Europe, oui à vous-mêmes, ayez confiance en votre capacité de maîtriser votre destin et d’apporter quelque chose au monde.

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