Ismaïl Omar Guelleh

Président de Djibouti

Publié le 18 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique/l’intelligent : En s’abstenant de présenter un candidat, l’opposition a-t-elle gâché la fête de votre réélection ?
Ismaïl Omar Guelleh : Pas du tout. En quoi suis-je responsable de cette absence ? L’opposition a décidé de rendre les armes, car elle ne se sentait pas prête pour m’affronter. Les arguments qu’elle a développés ne pourraient cacher cette réalité.

J.A.I. : Le fait d’avoir été privé de rival a entamé la crédibilité du scrutin !
I.O.G. : Mais j’avais un rival, et des plus sournois : l’abstention. En appelant au boycottage de l’élection, l’opposition comptait engranger dans son escarcelle tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ne voteraient pas. Cela aurait pu payer, mais malheureusement pour elle, la participation a battu tous les records, et les rapports des observateurs étrangers sont là pour le confirmer. Pour revenir à l’absence d’un autre candidat, auriez-vous préféré que j’en fabrique un pour faire plus crédible ?

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J.A.I. : Vous avez eu à défendre votre bilan pendant toute la campagne. Quelle a été la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
I.O.G. : Incontestablement, la paix retrouvée. Sans la cessation de la rébellion, nous n’aurions rien pu faire. Il n’y aurait pas eu de relance de l’économie, d’augmentation du taux de scolarisation des garçons à 75 % et des filles à 70 %. Nous n’aurions pas pu réformer notre législation pour rendre obligatoire la participation des femmes à la vie publique. Croyez-moi, cela n’a pas été une mince affaire de convaincre les chefs de tribu d’accepter que ce soit des femmes qui les représentent dans les institutions de la République. Mais cela, l’Occident est loin de le comprendre ni de réaliser les efforts consentis pour obtenir de telles avancées. Parfois, les Blancs nous embêtent…

J.A.I. : À propos de Blancs, depuis quelques années, soldats français et américains se côtoient dans votre pays, qui abrite deux bases militaires. Les récentes frictions diplomatiques entre Paris et Washington ont-elles eu des répercussions chez vous ?
I.O.G. : Aucune et je n’ai jamais été inquiet. La coordination entre les états-majors militaires était à des années- lumière des batailles au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.

J.A.I. : On ne peut évoquer les relations franco- djiboutiennes sans que l’ombre du juge Borrel [un magistrat français mort à Djibouti dans des conditions non élucidées] ne plane…
I.O.G. : À tort, car il s’agit d’une affaire franco-française qui ne nous concerne en rien…

J.A.I. : Des documents secrets déclassifiés semblent vous impliquer personnellement…
I.O.G. : Les avez-vous vus ? C’est le gouvernement djiboutien qui a demandé leur déclassification et exigé qu’ils soient rendus publics. Notre requête n’a été acceptée que sur le premier point, pas le deuxième. Et, quand nous avons demandé une copie, la justice française nous l’a refusée. Vous savez, quand une partie de la magistrature se ligue avec une partie des médias, cela en fait un adversaire redoutable. De toutes les manières, les campagnes les plus hostiles ne sauraient nous départir de notre sérénité.

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J.A.I. : Quelle sera la priorité de votre second mandat ?
I.O.G. : La décentralisation. Il est aberrant de constater que certaines écoles de l’intérieur du pays sont fermées faute d’élèves, car leur réalisation a été planifiée sans concertation avec la population locale. Dans quelques mois se tiendront les élections régionales avec une dose de proportionnelle qui permettra à toutes les formations politiques d’avoir des élus. L’opposition aura une opportunité de montrer ce qu’elle a dans le ventre.

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