International : « Boutef » sur tous les fronts

Opposition, presse, syndicats, armée… Un an après sa réélection, le chef de l’État a levé tous les obstacles qui se dressaient devant lui. Un avantage énorme. Pour le meilleur et pour le pire.

Publié le 18 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

L’homme a beau être un bourreau de travail, tout de même ! Après un premier mandat consacré quasi exclusivement à la diminution de la violence islamiste et, accessoirement, à l’amélioration de l’image de son pays, Abdelaziz Bouteflika affiche plus d’ambitions pour son second et dernier mandat : modernisation de l’Algérie avec un sérieux dépoussiérage de la législation, développement économique au moyen d’un plan d’investissements publics sans précédent (55 milliards de dollars d’ici à 2009) et consécration de la paix retrouvée à travers le projet d’une douloureuse amnistie générale. Bref, du pain sur la planche.
Les interrogations sont nombreuses à propos de ses engagements internationaux. De par son statut d’initiateur du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, « Boutef » est membre du comité directeur du Nepad (en moyenne cinq réunions annuelles). En outre, l’Algérie fait partie, jusqu’en 2007, du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Cela représente au moins un sommet par an.
L’implication du président dans les affaires africaines n’inquiétait pas outre mesure ses concitoyens, soucieux de l’efficacité de son action. En revanche, des appréhensions se sont manifestées à l’issue du sommet de la Ligue arabe, tenu à Alger les 22 et 23 mars. Devenu président en exercice de l’institution, Bouteflika se retrouve avec un plan de charge démentiel. Le chantier de la réforme du fonctionnement et du mode de prise de décision arrêté par la déclaration d’Alger est gigantesque. L’affaire syro-libanaise est des plus complexes. Le dossier somalien est kafkaïen. Quant à la quête d’une solution pour le Darfour, elle revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais le gros morceau demeure la « cause centrale » du monde arabe : le dossier israélo-palestinien. Comme si son agenda n’était pas suffisamment rempli, les pairs arabes de Boutef l’ont chargé de « vendre » l’offre de paix formulée par le prince héritier saoudien, Abdallah Ibn Abdelaziz, qui consiste à normaliser les relations avec l’État hébreu en échange de la restitution des terres occupées depuis juin 1967.
Pourquoi les Algériens seraient-ils si inquiets de cette accumulation de responsabilités ? Ils redoutent qu’il consacre moins de temps à leurs soucis quotidiens. Il n’y a qu’à voir le programme qui l’attend dans les semaines à venir : Dubaï, le 16 avril, pour la Fondation des déserts du monde ; Charm el-Cheikh, le 18 avril, pour le Nepad ; Djakarta, le 21 avril, pour une Conférence afro-asiatique ; Bandung, le 24 avril, pour le cinquantenaire de la célèbre conférence ; Brasilia, le 10 mai, pour un sommet Monde arabe-Amérique latine. Entre deux avions, Boutef devra lancer officiellement son pharaonique programme d’investissements, remanier son gouvernement et suivre de nombreux chantiers internes.

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