Genève, haut lieu du livre africain

Du 27 avril au 1er mai, la cité helvétique organise son grand rendez-vous annuel de l’édition. La littérature subsaharienne ayant désormais son propre pavillon, les écrivaines du continent sont à l’affiche cette année.

Publié le 18 avril 2005 Lecture : 4 minutes.

Ce ne sont pas les manifestations autour du livre qui manquent. Il n’est guère de grande ville de par le monde qui n’organise sa foire ou son salon. En France, on compte quelque cent cinquante rendez-vous de ce type chaque année. Le Salon international du livre, de la presse et du multimédia de Genève, dont l’édition 2005 se déroule du 27 avril au 1er mai, a cependant une dimension particulière. Lancé en 1987 par l’éditeur lausannois Pierre-Marcel Favre, qui continue aujourd’hui encore à lui consacrer son énergie et son savoir-faire, il s’est imposé comme le plus grand rassemblement culturel de Suisse. La cité de Calvin et de Jean-Jacques Rousseau n’est somme toute qu’une ville moyenne (voir p. 66), mais son prestige est tel qu’elle rayonne sur un large bassin de population, en Suisse romande (1,3 million de personnes), mais aussi dans les régions françaises voisines, notamment celle de Lyon.
C’est ainsi qu’en 2004 le Salon du livre de Genève a accueilli sur ses 40 000 m2 près de 120 000 visiteurs. Celui de Paris, capitale d’une région de 10 millions d’habitants, n’enregistrait pendant ce temps que 185 000 entrées (pour une surface de 35 000 m2). Les Suisses, disposant d’un pouvoir d’achat supérieur à celui des Français, sont certes grands consommateurs de produits culturels – on les crédite du meilleur taux de lecture au monde. Mais Genève leur propose un programme particulièrement alléchant.
Déjà, dans le même Palexpo nom du palais des expositions situé près de l’aéroport international – se tiennent, parallèlement à celui du livre, deux autres salons, celui de la musique et celui de l’étudiant, ainsi qu’une foire internationale de l’art. Au sein du Salon du livre lui-même sont par ailleurs organisées de multiples manifestations concomitantes. Au cours des années précédentes, les visiteurs ont ainsi eu droit à des rétrospectives sur Goya, Bruegel, Dali, Picasso, Miró ou encore Toulouse-Lautrec. En 2005, une grande exposition intitulée Bonaparte et l’Égypte retrace la fantastique campagne (1798-1801) du futur Napoléon Ier. L’Italie, par ailleurs, est l’invitée d’honneur.
Mais la grande originalité de Genève, c’est désormais le Salon africain du livre. Lancé en 2004 avec l’aide de la Direction du développement et de la coopération (DDC, département fédéral des Affaires étrangères) ainsi que de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), il a pour ambition de révéler la richesse et la diversité de la création intellectuelle et artistique du continent africain. Le pavillon de 400 m2 qui lui est dévolu est divisé en plusieurs espaces réservés respectivement aux livres, aux débats, aux expositions, aux partenaires institutionnels, à l’information et à la presse. De nombreux opérateurs culturels participent en effet l’opération, à commencer par le groupe Jeune Afrique.
La librairie elle-même couvre 120 m2. Le public y trouvera un très large échantillon d’ouvrages de littérature africaine ou concernant l’Afrique, publiés aussi bien par des maisons européennes qu’africaines. C’est d’ailleurs l’un des grands intérêts de cette manifestation que de faire découvrir la production d’éditeurs très peu distribuée en dehors de leurs pays respectifs. Seront notamment représentés à Genève Sankofa et Gurli (Burkina), Ruisseaux d’Afrique (Bénin), Edilis et Ceda (Côte d’Ivoire), Ganndal (Guinée), AES (Cameroun), Tsipika (Madagascar), Nadia Essalmi (Maroc).
Cette deuxième édition du salon africain se déclinera largement au féminin, puisqu’il a pour thème « Afrique : littérature, femmes et figures de femmes en littérature ». Outre Aminata Sow Fall, invitée d’honneur, qui fait figure de doyenne, le public pourra rencontrer, soit pour des signatures, soit au cours des débats, le « gratin » des auteurs africaines actuelles : de Ken Bugul et Calixthe Beyala à Véronique Tadjo, en passant par Tanella Boni, Amanda Devi, Maïssa Bey ou encore Fatou Diome. Le plateau masculin n’est pas moins riche. Seront notamment de la partie les écrivains Sami Tchak, Kossi Efoui, Helon Habila, Ben Okri, Jean-Luc Raharimanana, Nuruddin Farah, Abdourahman Waberi. Sans oublier le Prix Nobel Wole Soyinka.
Des spécialistes comme Me Emmanuel Pierrat, célèbre avocat de l’édition francophone, Aliou Sow, président de l’Association des éditeurs d’Afrique, ou encore notre confrère Georges Lory, traducteur de plusieurs auteurs sud-africains, entraîneront les écrivains et le public dans des discussions professionnelles autour de la vie du livre sur le continent.
Un des moments fort de la manifestation sera l’attribution, le 28 avril, du prix Ahmadou-Kourouma (voir l’encadré). Et ceux qui voudront s’échapper un peu des « prises de tête » littéraires pourront toujours s’aérer l’esprit en allant admirer l’exposition sur les drapeaux des Fante, une forme d’expression haute en couleur spécifique à cette population du sud du Ghana.

XIXe Salon international du livre, de la presse et du multimédia de Genève, du mercredi 27 avril au dimanche 1er mai 2005. Palexpo, CH 1218 Grand-Saconnex. Tél. : 021/312 10 88 (avant le salon) et 022/761 16 40 (pendant le salon).
Site Internet : www.salondulivre.ch

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