« Blanchisseurs » sur liste noire

Selon le Gafi, trois pays continuent de transgresser allègrement toutes les règles de la bonne gouvernance financière.

Publié le 18 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Lors de sa dernière session plénière, du 9 au 11 février, à Paris, le Groupe d’action financière chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent (Gafi) a maintenu sur sa « liste noire ». trois pays seulement : le Nigeria, la Birmanie et l’île de Nauru. Il y a cinq ans, une quinzaine de pays étaient épinglés pour mauvaise gouvernance financière. Les mauvais élèves semblent avoir retenu la leçon. Cette année, les îles Cook, l’Indonésie et les Philippines ont été retirées de la liste des pays et territoires non coopératifs (PTNC), après avoir intégré les mesures de transparence bancaire demandées par l’organisme. En clair, ces trois pays ne sont plus soupçonnés de complaisance ou de silence coupable lorsque des individus peu recommandables viennent déposer des fonds occultes. Officiellement, des systèmes de lutte contre le blanchiment de capitaux ont été mis en place. La justice peut être saisie en cas d’infraction. Des cellules de renseignements ont été créées pour analyser les mouvements financiers et traquer les « bandits à col blanc ». Les banques, enfin, ont accepté de déclarer les opérations suspectes et d’identifier leur clientèle.
Sur l’île de Nauru, il y a peu de chances que ces mesures voient le jour : le blanchiment d’argent est devenu la seule activité de ce paradis fiscal perdu au milieu du Pacifique. En Birmanie, le contexte politique autoritaire laisse peu d’espoir. En revanche, les efforts actuels d’Abuja pour renouer avec la communauté internationale et solder « les années Abacha » autorisent un optimisme prudent. L’autre évolution favorable concerne Pékin. Le Gafi, qui regroupe 31 pays*, a accueilli la Chine en tant qu’observateur.
Les ventes illégales d’armes, la contrebande et les activités criminelles, comme le trafic de drogue ou la prostitution, les délits d’initiés, la corruption, la fraude informatique génèrent des bénéfices colossaux. Mais de l’argent illégalement gagné n’a de l’intérêt que s’il est ensuite recyclé, placé et réinvesti. D’où les tentatives de blanchiment d’argent, les banques faisant office de « machine à laver ». Selon une dernière estimation chiffrée, ce phénomène représenterait 1 500 milliards de dollars !
Devant une telle menace pour la stabilité et la crédibilité des places financières, les grandes puissances ont créé le Gafi en 1989, lors du sommet du G7 à Paris. Depuis, l’arsenal antiblanchiment s’est enrichi. Après les attentats du 11 septembre 2001, l’organisme international a étendu sa mission à la lutte contre le financement du terrorisme. Mais rien ne permet de dire à ce jour si cette volonté affichée a réellement porté ses fruits, les « blanchisseurs » rivalisant d’ingéniosité pour contourner les règles.

*Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, Russie, Finlande, France, Grèce, Hong Kong, Irlande, Islande, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Royaume-Uni, Portugal, Singapour, Suède, Suisse et Turquie.

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