Un dernier souffle de tendresse

Vietnam, Darfour, Irak… James Nachtwey est sur tous les fronts. Et se fait le porte-parole des victimes.

Publié le 18 février 2008 Lecture : 2 minutes.

« Certaines images présentées au Laboratoire peuvent heurter la sensibilité du public » : voilà l’avertissement que le visiteur peut lire quand il pénètre dans l’exposition « Combat pour la vie », qui présente à Paris les travaux du photographe américain James Nachtwey. On pourrait penser les avoir trop vues dans les médias occidentaux, ces images où la mort fait son uvre. Ces corps rendus squelettes, ces peaux qui ne cicatrisent plus, ces regards déjà lointains qui affrontent en silence la tuberculose, alliée mortelle du sida.
Ce n’est pas l’avis de David Edwards, créateur de l’ONG Medecine in Need (MEND) et fondateur du Laboratoire, un espace qui « se veut un lieu de recherche, outil d’expérimentation, de production et de création autour de la rencontre Art/Science ». Pour lui, comme pour les artistes et scientifiques qu’il a entraînés dans l’aventure, il faut voir et revoir ces images.
Comme le dit James Nachtwey, « Savoir, c’est déjà prévenir. Informer, c’est permettre le changement. La science pure fascine d’un point de vue intellectuel, mais son objectif ultime c’est de servir l’humanité. » L’exposition n’est donc pas seulement une présentation de photographies en noir et blanc, c’est aussi l’occasion de découvrir le travail d’Anne Goldfeld, professeure associée de médecine à la Harvard Medical School et cofondatrice d’une clinique au Cambodge.
Photographe de guerre qui a décidé de « faire la guerre à la guerre », James Nachtwey, 60 ans, était sans doute l’un des rares artistes à pouvoir témoigner avec justesse des actions menées dans ces dispensaires engagés dans la lutte contre les maladies infectieuses, au Lesotho comme au Cambodge ou en Sibérie. Venu à la photo après avoir vu les images de la guerre du Vietnam et celles du mouvement américain pour les droits civiques, James Nachtwey a frôlé la mort en 2003 quand un insurgé irakien a lancé une grenade dans le Humvee de l’armée américaine où il avait pris place.
Mais il ne fait pas partie de ceux qui veulent à tout prix tutoyer le danger et capter l’image choc. Il se voit plutôt comme un porte-parole des victimes. Pour dures qu’elles soient, les photographies qu’il expose au Laboratoire ne sont jamais morbides, parce que toujours empreintes de tendresse. « Le plus grand problème auquel je suis confronté dans mon travail de photographe de guerre, c’est le risque de profiter de la détresse des autres », a-t-il coutume de dire.
Face à la mort qui rôde, la main du médecin ou de l’infirmière est toujours là pour consoler, soutenir, rassurer, apaiser, à défaut de pouvoir guérir. Un docteur aide une jeune femme à se lever. Quelqu’un dont on ne voit que les doigts offre un bol de soupe à un jeune homme intubé. La vie est encore là, dans la force de cette main qui en serre une autre, dans ce courant d’air qui fait danser un rideau au-dessus d’un lit d’hôpital.

Combat pour la vie, jusqu’au 17 mars, Le Laboratoire, 4, rue du Bouloi, 75001 Paris, www.lelaboratoire.org

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