Saint-Valentin à la kényane

Publié le 18 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Le calme semble revenu au Kenya après plusieurs semaines de quasi-guerre civile qui ont fait souffler un vent de panique sur le secteur de la rose. Du côté de la Bourse aux fleurs d’Amsterdam, le Wall Street de la fleur coupée, on a même craint le pire : et si l’on venait à manquer de roses pour la Saint-Valentin, le 14 février ? Mais quel rapport, me direz-vous ? Vous ne le saviez donc pas ? Avec la Colombie, l’Équateur et l’Éthiopie, qui s’y met aussi, le Kenya est l’un des plus gros exportateurs de roses au monde. Et la crise est survenue au pire moment : juste avant la Saint-Valentin, période durant laquelle des milliers de Kényans, véritables « forçats de la rose », mettent les bouchées doubles pour livrer aux amoureux la fleur qui leur permettra d’exprimer leur flamme.

C’est sur les rives du lac Naivasha, à une centaine de kilomètres de la capitale Nairobi, que se concentre l’essentiel du secteur horticole kényan : des serres qui s’étalent à perte de vue sur des kilomètres, façon Almería dans le sud de l’Espagne. À tel point que le lac Naivasha, d’où sont pompés des millions de litres d’eau pour irriguer les plantations et qui reçoit en retour des tonnes de pesticides, est aujourd’hui bien mal en point.
Au plus fort des affrontements entre communautés, les compagnies ont mis le paquet pour assurer la production. L’une des plus importantes, l’Oserian Development Company – qui gère 20 000 hectares de plantations et s’est engagée à livrer 6 millions de roses pour la Saint-Valentin -, a obtenu des patrouilles de police supplémentaires pour faire régner l’ordre dans les cités où s’entassent ses milliers d’ouvriers et leurs familles. Un camp temporaire destiné à accueillir quelque 10 000 employés a été monté dans l’urgence sur le site des plantations.
Afin d’acheminer les précieuses fleurs jusqu’à l’aéroport de Nairobi d’où elles partent pour l’Europe, les compagnies ont organisé des convois routiers. Oserian a fait protéger ses camions par des escortes privées, armées jusqu’aux dents. Tout a donc été mis en uvre pour que la « chaîne de la rose » ne soit pas perturbée à la veille de la Saint-Valentin : cueillies, empaquetées et réfrigérées sur les bords du lac Naivasha, elles étaient à Amsterdam le lendemain et vendues en Bourse dix-huit heures plus tard. Prêtes à achalander les étals des fleuristes de Genève, Paris ou Bruxelles pour la fête des amoureux.

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