Mea culpa à Canberra

Publié le 18 février 2008 Lecture : 2 minutes.

En présentant, le 12 février lors de la séance inaugurale du nouveau Parlement australien, les excuses officielles de son pays aux Aborigènes, le Premier ministre travailliste Kevin Rudd a mis un terme à une injustice vieille de plus de deux siècles. Présents sur le territoire depuis 50 000 ans, ces derniers ne sont plus aujourd’hui que 460 000 sur une population totale de 21 millions d’habitants (2 %). Depuis le début de la colonisation britannique, en 1788, ils sont considérés comme des êtres inférieurs et traités comme tels. D’où de très fortes disparités avec le reste de la population en ce qui concerne les conditions de vie, la mortalité infantile ou le taux de chômage. L’alcoolisme fait des ravages dans leurs rangs.
Ces dernières années, plusieurs pays – notamment l’Afrique du Sud – ont fait publiquement acte de contrition pour leurs exactions passées : la repentance est à la mode. Avec des nuances importantes d’un pays à l’autre : la reconnaissance d’un crime n’entraîne pas forcément des excuses et celles-ci ne débouchent pas toujours sur un pardon. La France, par exemple, s’est bornée à adopter une loi faisant de la traite négrière et de l’esclavage un crime contre l’humanité. Sans autre conséquence.
Alors que de nombreux responsables appellent à la reconnaissance des crimes commis pendant la période coloniale, le président Nicolas Sarkozy s’est contenté d’estimer que le colonialisme avait été une « grande faute » (Dakar, juillet 2007) et un système « profondément injuste » (Alger, décembre de la même année). Mais d’excuses, point. Jacques Chirac, son prédécesseur n’était pas davantage enclin à la repentance. En visite à Antananarivo, en 2004, il avait simplement jugé « inacceptable » le massacre de quelque 100 000 Malgaches par l’armée française, en 1947 – ce qui est vraiment le moins que l’on puisse dire.
D’autres pays ont des difficultés à affronter leur sanglant passé. À propos du massacre de dizaines de milliers de Héréros namibiens, en 1904, les autorités allemandes se contentent de regretter mollement des « actes incorrects ». Quant à la Turquie, elle ne veut toujours pas entendre parler du génocide des Arméniens (1915-1916), pourtant reconnu par les Nations unies.

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