Les cours du cacao s’orientent à la hausse

La consommation de chocolat s’accélère en Chine. Elle fait peser des incertitudes sur la capacité de la Côte d’Ivoire et du Ghana à satisfaire la demande.

Publié le 18 février 2008 Lecture : 3 minutes.

Faiblesse de la production ouest-africaine, hausse de la consommation aux États-Unis, en Europe, et surtout en Chine, les fondamentaux du marché tiendront le cacao au chaud en 2008. C’est ce qu’indique l’enquête diligentée ces derniers jours par Reuters auprès de plusieurs analystes. La campagne 2007-2008 devrait être marquée par un nouveau déficit de 30 000 tonnes de fèves. Il sera malgré tout bien moins important que celui de la saison précédente, à 242 000 tonnes, pour une production mondiale de 3,5 millions de tonnes. De fait, le cours de la tonne de cacao devrait s’apprécier de 14,5 % d’ici à la fin de l’année sur le London International Financial Futures and Options Exchange (Liffe) et de 14,1 % sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de New York.
Plus modéré, Jan Vingerhoets, directeur exécutif de l’International Cocoa Organization (Icco), table sur un « équilibre étroit » entre l’offre et la demande en 2007-2008, avant même la parution des premières estimations de l’organisme, prévues pour le mois de mars. Pour lui, les cours resteront supérieurs à 1 000 livres par tonne à Londres et pourraient même dépasser les 1 100 livres. Plus globalement, il n’attend aucun impact négatif d’un éventuel ralentissement économique mondial sur la demande de chocolat : « Souvent, la récession encourage la consommation de douceurs », note-t-il.

En 2008, le regain de vitalité d’un marché mondial du cacao, qui ne progresse que de 2 % à 3 % par an, proviendra d’un pays en plein boum économique : la Chine. Dans ce pays, selon le cabinet d’analystes Euromonitor, la consommation de chocolat affichera un potentiel de croissance annuelle de 8,8 % au cours des cinq prochaines années. « Il est question de 500 millions de consommateurs potentiels », précise Patrick de Maeseneire, le directeur général de Barry Callebaut. Et ce n’est pas fini. « La demande de chocolat en Chine augmente à une vitesse incroyable et sera encore dynamisée par les jeux Olympiques de 2008 et l’Exposition universelle de 2010 », renchérit Maurizio Decio, vice-président de Barry Callebaut pour l’Asie, qui compte sextupler ses ventes dans le pays.
Mais cette tendance favorable ne profitera qu’en partie à l’Afrique. Les exportateurs basés en Côte d’Ivoire, qui assure 40 % de la production mondiale, tablent en effet sur un volume de 1 million de tonnes lors de la récolte principale (octobre-mars), soit 100 000 tonnes de moins que leurs précédentes estimations. « Tout dépendra du niveau des précipitations dans les prochaines semaines », souligne Jan Vingerhoets, de l’Icco. Un autre danger menace la récolte ivoirienne, déjà durement touchée par la sécheresse qui a frappé la sous-région l’année dernière : la « forte et rapide irruption de la pourriture brune », qui affecte les cabosses, s’inquiète un trader. La forme la plus virulente de ce champignon dévastateur aurait touché plusieurs exploitations autour d’Abengourou, près de la frontière avec le Ghana. Tandis que la forme la moins agressive aurait été détectée dans le sud-ouest du pays, région qui assure un tiers de l’offre nationale. Et la situation pourrait s’aggraver. « Les cacaoyers, d’une durée de vie de trente ans, ont été plantés dans les années 1980, ce qui n’incite pas les planteurs à les soigner », relève Emmanuel Jayet, analyste chez BNP Paribas.
Le voisin ghanéen, deuxième producteur mondial, devrait de son côté récolter quelque 650 000 tonnes de fèves, indique le Ghana Cocoa Board (Cocobod), soit 36 000 tonnes de plus qu’en 2006-2007, mais loin derrière les 740 000 tonnes récoltées la campagne précédente. Quant au numéro trois mondial, l’Indonésie, la hausse de la production à 600 000 tonnes (en progression de 20 % par rapport à 2007), selon l’Indonesia Cocoa Board (ICB), sera tout juste suffisante pour satisfaire la forte demande chinoise.
Si cette dernière venait à dépasser les prévisions, l’approvisionnement pourrait devenir rapidement un problème. « Une pénurie ne peut être comblée du jour au lendemain, insiste Patrick de Maeseneire. Il faut entre trois et quatre ans pour que les paysans ayant planté des cacaoyers puissent en récolter les fruits. »

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires